C’est le cinéaste Francis Ford Coppola qui recevra le Prix Lumière lors du festival Lumière 2019 qui fêtera cette année ses 10 ans et se tiendra du 12 au 20 octobre, à Lyon et dans sa Métropole.
Dans l’ordre de cette distinction qui célèbre une personnalité pour l’ensemble de son oeuvre dans la ville où le Cinématographe a été inventé, Francis Ford Coppola succédera à Jane Fonda, Wong Kar-wai, Catherine Deneuve, Martin Scorsese, Pedro Almodóvar, Quentin Tarantino, Gérard Depardieu, Ken Loach, Milos Forman et Clint Eastwood.
Un extraordinaire palmarès pour un extraordinaire récipiendaire.
« C’est une des plus grandes légendes vivantes de l’histoire du cinéma qu’avec le public du festival Lumière nous nous apprêtons à honorer, disent Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux, organisateurs du festival. Cinéaste de génie, destin personnel hors normes, auteur de quelques uns des plus grands succès et des films les plus célèbres du XXe siècle, Francis Coppola n’a cessé de questionner l’art du cinéma, d’en explorer les formes nouvelles de narration et de style, tout en préservant les formes les plus abouties de son classicisme, dans la recherche absolue de l’indépendance et de la liberté de création. »
Réalisateur, scénariste, producteur, viticulteur, restaurateur, entrepreneur et patron de Studio, Francis Ford Coppola est plus qu’un homme de cinéma. Il apparaît comme le digne continuateur des empereurs hollywoodiens tout en restant fidèle à son idéal de jeunesse de questionner en permanence l’art de raconter et de produire des histoires. Auteur d’une oeuvre empreinte de littérature et de musique comme de culture européenne, il est aussi passionné par les origines du cinéma : sa maison de production s’appelle American Zoetrope en souvenir d’un cadeau qu’on lui fit dans les années 1960. La visite rue du Premier-Film d’un artiste qui s’est toujours intéressé à l’évolution technologique du cinéma n’en prendra que plus d’importance.
« À mon âge et la sagesse venue, je suis heureux d’avoir reçu tant de récompenses et d’honneurs mais une invitation à rencontrer le public dans la ville natale du Cinématographe Lumière est suffisante pour me donner envie d’être parmi vous » nous a déclaré Francis Ford Coppola.
Au sein d’un grand hommage qui permettra de revoir ses films et de l’entendre parler de sa vision du cinéma, Francis Ford Coppola recevra le Prix Lumière le vendredi 18 octobre 2019 dans la grande salle du Centre de Congrès de Lyon.
Éléments biographiques
Francis Ford Coppola est né à Detroit en 1939, héritier d’une célèbre famille d’artistes d’origine italienne, fils du compositeur Carmine Coppola et de l’actrice Italia Pennino, vue, entre autres, chez Vittorio De Sica. Emblème de la culture italo-américaine new-yorkaise, le clan Coppola deviendra une dynastie majeure à Hollywood, et Francis Ford l’un des cinéastes les plus célèbres du monde.
Le clan Coppola : Eleanor, Sofia, Gian-Carlo, Roman et Francis Ford Coppola,
dans leur maison de San Francisco (1972).
Enfant, il sillonne les États-Unis au gré des déplacements de son père. « Je pense que nos déménagements annuels et les nombreuses écoles où je suis allé m’ont donné une perception différente du temps. Je suis allé dans 25 écoles différentes avant l’Université. Chacune représente un petit épisode de ma vie, comme un court métrage avec son propre casting. » Francis Ford Coppola contracte la polio, le privant de l’usage de ses jambes et de son bras gauche, et l’éloignant des autres enfants durant un an. C’est à cette époque qu’il nourrit une fascination pour l’image animée et la télévision, et qu’il réalise de courts films avec la caméra 8mm de son père. En 1959, après avoir étudié le théâtre et à la suite d’une projection d’Octobre de Sergueï Eisenstein, Francis Coppola rejoint UCLA (Université de Californie à Los Angeles) pour y étudier le cinéma.
Au début des années 1960, il intègre l’écurie Roger Corman pour lequel il officie comme réalisateur de seconde équipe. Il rejoint en parallèle l’équipe à l’oeuvre au scénario du Paris-brûle-t-il ? de René Clément, adaptation du best-seller de Collins et Lapierre sur la libération de Paris, pour lequel il côtoie Gore Vidal, Jean Aurenche, Pierre Bost et Claude Brulé. Réalisé sous l’ère Corman, Dementia 13 est le premier long métrage qu’il signe de son nom. Il n’a alors que 24 ans.
En 1968, la Warner lui commande une adaptation cinématographique d’un classique de Broadway, La Vallée du bonheur, porté par Fred Astaire et Petula Clark. C’est sur ce tournage qu’il se lie d’amitié avec son stagiaire, George Lucas, avec lequel il fonde l’année suivante American Zoetrope à San Francisco. Le studio coproduit Les Gens de la pluie, le quatrième film de Coppola, qui réunit Robert Duvall et James Caan et connait une sortie confidentielle. C’est avec ce film, il y a 50 ans, que Francis Ford Coppola lança sa légendaire maison de production, American Zoetrope. À la même époque, le cinéaste remporte son premier Oscar pour le scénario de Patton de Franklin J.Schaffner. C’est aussi à cette époque, aux tournants des années 1970 et à l’aube du « Nouvel Hollywood », qu’il se voit confier par la Paramount un projet de commande : l’adaptation d’un roman de Mario Puzo inspiré d’articles sur les gangs de New York.
Le Parrain, travail
préparatoire (1970)
Le film est tourné en quelques semaines entre mars et août 1971. Porté par Marlon Brando, imposé par Coppola contre l’avis de la Paramount, entouré de deux acteurs débutants, Al Pacino et Diane Keaton, Le Parrain rencontre un immense succès immédiat, et remporte trois Oscars. Au terme de sa carrière américaine, il entre dans l’histoire comme le film le plus rentable jamais tourné, battant le record de Autant en emporte le vent – il gardera longtemps son titre. Deux suites, composées du même casting auquel se sera ajouté Robert De Niro, et s’appuyant sur la même saga familiale, donneront naissance à la plus célèbre trilogie du cinéma.
Sur le tournage du Parrain (1971) |
L’année 1974 marque le triomphe Coppola. Sortis de façon concomitante, Conversation secrète remporte la Palme d’Or et Le Parrain 2 les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur. Avec ce doublé, le cinéaste s’impose en maître du cinéma indépendant et du cinéma de studios. Coppola travaille alors en parallèle à l’adaptation de Gatsby le Magnifique, finalement tourné par Jack Clayton, et la transposition d’un roman de Joseph Conrad en pleine guerre du Vietnam.
Au terme d’un développement de plus cinq ans, d’un tournage légendaire et catastrophique au coeur de la jungle des Philippines et d’un budget qui va en augmentant, Francis Ford Coppola présente Apocalypse Now à Cannes, au printemps 1979. Triomphe absolu, le film remporte la Palme d’Or, ex aequo avec Le Tambour de Volker Schlöndorff. Aujourd’hui, Apocalypse Now est considéré comme l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma et aura vu son réalisateur le travailler et le travailler encore jusqu’à en modifier la durée et la fin.
Sur le tournage d’Apocalypse Now (1977)
Les années 1980 marquent un changement de cap radical dans la carrière du maître. À la recherche d’une façon de faire du cinéma plus moderne et plus légère, il s’émancipe des studios et produit Akira Kurosawa, Wim Wenders mais aussi le documentaire expérimental Koyaanisqatsi et le Mishima de Paul Schrader. Pour son propre film, Coup de coeur, il reconstitue Las Vegas en studios. Le film sera un échec et mènera American Zoetrope au bord de la ruine. C’est dans ce contexte difficile qu’il tourne coup sur coup Outsiders et Rusty James, deux films sur la jeunesse, avec une énergie nouvelle et une poésie qui oscille entre légèreté et gravité. Dans des années 1980 actives pour le cinéma américain, il impose une nouvelle génération d’acteurs : Matt Dillon, Mickey Rourke, Diane Lane, Tom Cruise, Rob Lowe, Patrick Swayze…
En 1984, c’est le tournage et la sortie de Cotton Club au prix de nombreux épisodes devenus légendaires, un film et un sujet pour lesquels Coppola se sera battu et dont il a remonté récemment ce qu’il estime être la version définitive et qui sera montré à Lyon.
Entre projets personnels et films de commande, Coppola tourne ensuite Peggy Sue s’est mariée, Jardins de pierre, Tucker, trois films aujourd’hui largement reconsidérés et, sous la pression de la Paramount, il met en chantier en 1990 le troisième volet du Parrain, qui clôt l’histoire de Michael Corleone, initiée vingt ans plus tôt. Sous-estimé à sa sortie, le film est aujourd’hui considéré comme le parfait continuateur des deux précédents. C’est dans les années 1990 que le cinéaste renoue avec le succès : public, avec l’ambitieuse adaptation du Dracula de Bram Stoker et critique avec L’Idéaliste, adaptation du roman de John Grisham. S’en suit une pause dans sa carrière de réalisateur qui durera 10 ans, et durant laquelle il produira les films de ses deux enfants, Sofia et Roman Coppola. De retour à la réalisation en 2007, il explore depuis un cinéma extrêmement personnel, résolument tourné vers la jeunesse et la transmission : L’Homme sans âge (2007), Tetro (2009) et Twixt (2012).
Sur le tournage de Dracula (1992)
C’est aussi le vin et l’hôtellerie, arts de vivre dans lesquels il excelle depuis 2006, qui lui ont permis de s’affranchir des impératifs commerciaux et de réussir ce superbe tournant, aboutissement des ambitions gothiques et romanesques du cinéaste. « Par certains aspects, un film est un bon verre de vin, on veut savoir d’où il vient. Et je crois qu’un artiste est comme un terroir, au même titre qu’un vignoble qui produit un vin aux saveurs singulières » confiait-il en 2012.
Diane Keaton, Robert De Niro, Robert Duvall, Francis Ford Coppola, James Caan, Al Pacino et Talia Shire.
L’équipe du Parrain reformée pour le festival de Tribeca (2017).
Le Prix Lumière, qui lui sera remis le vendredi 18 octobre 2019 dans la grande salle du Centre de Congrès de Lyon, honorera une carrière unique, celle d’un grand géant du cinéma.
Organisé chaque année par l’Institut Lumière en collaboration avec la Métropole de Lyon et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le festival Lumière s’est imposé en dix ans comme l’un des festivals de cinéma les plus importants, conçu pour le public, et honorant par le biais d’invitations et de rétrospectives la mémoire du cinéma mondial. Il réunit un public en croissance permanente, culminant en 2018 à 185 000 festivaliers dont 129 000 spectateurs dans les salles de cinéma. Depuis 10 ans, le festival Lumière a accueilli près d’un million et demi de spectateurs.
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