« Quand j’émergeais de l’obscurité de la salle de cinéma pour retrouver le soleil éclatant, je ne pensais qu’à deux trucs, Paul Newman et rentrer chez moi. » Ainsi commence The Outsiders, roman de Susan Eloise Hinton (âgée de 16 ans lorsqu’elle l’écrit) publié en 1967 et devenu très populaire chez les adolescents américains. Au point que la bibliothécaire d’un établissement scolaire de Fresno County écrivit à Francis Ford Coppola que les élèves voulaient voir leur roman préféré adapté au cinéma, et qu'il était, selon eux, le cinéaste le plus apte à le faire. Coppola tomba sous le charme du roman, et se lança dans le projet (avant même l’échec de Coup de cœur).
Le réalisateur annonçait alors un film « sur le coucher de soleil » : « Cela peut paraître idiot de s’exprimer ainsi, mais le décorateur peut comprendre ce que je veux dire : le coucher de soleil – souvenez-vous que c’est un film sur la jeunesse – est une chose délicieuse mais au moment même où il atteint son point de perfection, il est aussi en train de mourir, comme la jeunesse. » (Cahiers du cinéma n°334-334, avril 1992). Il cherchait surtout à capter un état transitoire par essence, l’adolescence.
Deux bandes rivales. L’adolescence rebelle. Rien de plus classique dans la culture populaire américaine. Alors Coppola cite ses références : La Fureur de vivre, West Side Story, évidemment. Mais plongeant également dans l’americana lors du passage de l’exil rural, il penche vers La Nuit du chasseur, Autant en emporte le vent, La Prisonnière du désert… Ces gamins qui grandissent en bande, qui n'ont ni famille, ni avenir, comme dans Les Anges aux figures sales, sont les déshérités de l’Amérique : ils portent pourtant en eux une rage de vivre exemplaire, dans la plus pure tradition du film sur l’adolescence. The Outsiders baigne dans une lumière flamboyante. Coppola soigne ses décors, et s’il filme de nouveau en extérieurs la nature et les espaces, il s’autorise les couchers de soleil en studio et les silhouettes découpées sur l’horizon, hommage aux classiques du vieil Hollywood.
Ce film lyrique à la beauté contemplative, signé du réalisateur du Parrain et d’Apocalypse Now, surprend tout le monde. Il révèle une nouvelle génération d’acteurs très prometteurs, qui feront bientôt les beaux jours des eighties.
« La ville et ses néons, la philosophie des gangs, les attitudes urbaines transmises de génération en génération et de film en film sont des pièges, particulièrement pour les enfants de la classe ouvrière. Les outsiders, ce sont ces deux gamins qui ne trouvent leur place ni dans l’Amérique de l’abondance et du spectacle (trop pauvres) ni dans les postures obligées de leur classe sociale (trop rêveurs et pas assez endurcis). « Apprenons à nous détourner des mauvais clichés et à contempler la beauté du monde », disent en substance les deux anti-héros de ce film bouleversant sur la fin de l’innocence. Ce qui résume la vision de Coppola, grand outsider mélancolique devant l’éternel. » (Serge Kaganski, Les Inrockuptibles, 26 juin 2001)
The Outsiders : The Complete Novel
États-Unis, 1983, 1h52, couleurs, format 2.35
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario : Kathleen Knutsen Rowell, d’après le roman éponyme de Susan Eloise Hinton
Photo : Stephen H. Burum
Effets spéciaux : Dennis Dion
Musique : Carmine Coppola, Stevie Wonder ; Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, Sandy Nelson, Bill Hughes
Montage : Anne Goursaud
Décors : Dean Tavoularis
Costumes : Marge Bowers
Production : Gray Frederickson, Fred Roos, Zoetrope Studios
Interprètes : Matt Dillon (Dallas Winston), C. Thomas Howell (Ponyboy Curtis), Ralph Macchio (Johnny Cade), Patrick Swayze (Darrel Curtis), Rob Lowe (Sodapop Curtis), Emilio Estevez (Two-Bit Matthews), Tom Cruise (Steve Randle), Glenn Withrow (Tim Shepard), Diane Lane (Cherry Valance), Leif Garrett (Bob Sheldon), Darren Dalton (Randy Anderson), Gailard Sartain (Jerry), Michelle Meyrink (Marcia), Tom Waits (Buck Merrill)
Sortie aux États-Unis : 25 mars 1983
Sortie en France : 7 septembre 1983
DCP inédit, fabriqué spécialement pour le festival par Pathé. Version remontée en 2005 avec 22 minutes en plus et une nouvelle bande-son.
Distribution : Pathé
Première mondiale hors USA
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