Bong Joon-ho est un fan de BD. Il écrit lui-même des ouvrages dans le style manga et participe largement aux story-boards de ses films. C’est lors d’une de ses visites dans une boutique spécialisée de Séoul qu’il découvre en 2005 la première traduction coréenne de Transperceneige, fameuse BD signée Lob & Rochette, publiée dans la revue (À suivre) en 1982 et 1983, puis reprise plus tard en albums par Legrand & Rochette. Captivé, il la lit sur place et décide qu’il la portera à l’écran. Il réalisera deux films avant de pouvoir tourner cette adaptation très libre. Car si le roman graphique est la base du récit, Bong Joon-ho ne s’y enferme pas.
Un train, telle une moderne arche de Noé, fonce à toute allure, dans une perpétuelle fuite en avant, sans aucune perspective. Dans cette société en miniature, l’humanité a fait ce qu’elle sait faire de mieux : recréer des castes, exploiter les uns au service des autres. Et si certains cherchent à avancer vers la tête du train pour progresser "socialement", d’autres veulent simplement en sortir.
À mi-chemin entre blockbuster international et film d’auteur coréen, Snowpiercer évolue dans un futur dystopique, où Bong Joon-ho mélange farce, action, s.-f. et surtout critique politique, avec un humour distancié, sa griffe. Son univers est unique, la mise en scène complexe, les décors prodigieux, les acteurs surprenants (épatante Tilda Swinton), les personnages troublants. Le principal étant cette masse mécanique qui court à sa perte. « Le train, dispositif initiateur du récit et théâtre des événements, devient un personnage effrayant, celui d’une mère accouchant d’enfants qu’elle dévore ensuite. C’est la bestiole géante de The Host ou la Mère Courage de Mother qui se réincarne en une machine tout autant mécanique qu’organique. Et c’est là que la métaphore sociale prend une dimension singulière et unique. La société y est perçue subjectivement comme un cruel surmoi maternel déterminant le sort des individus. On passe du macrocosme (la civilisation) au microcosme (le train) comme on passe d’un collectif social à la psyché. Quelle mégaproduction hollywoodienne pourrait rivaliser avec cette alliance d’intelligence et d’exultation angoissée ? » (Jean-François Rauger, Le Monde, 30 octobre 2013)
Snowpiercer - Le Transperceneige (Snowpiercer)
Corée du Sud, États-Unis, 2013, 2h05, couleurs / noir et blanc, format 2.35
Réalisation :Bong Joon-ho
Scénario : Bong Joon-ho, Kelly Masterson, d’après le roman graphique Le Transperceneige de Jacques Lob, Benjamin Legrand et Jean-Marc Rochette
Photo : Hong Kyung-pyo
Effets spéciaux : Pavel Ságner
Musique : Marco Beltrami
Montage : Steve M. Choe, Kim Chang-ju
Décors : Ondrej Nekvasil, Beata Brendtnerovà
Costumes : Catherine George
Production : Park Chan-wook, Jeong Tae-sung, Jeong Wonjo, Lee Tae-hun, Steven Nam, SnowPiercer, Moho Film, Opus Pictures, Stillking Films, CJ Entertainment
Interprètes : Chris Evans (Curtis), Song Kang-ho (Namgoong Minsoo), Ed Harris (Wilford), John Hurt (Gilliam), Tilda Swinton (Mason), Jamie Bell (Edgar), Octavia Spencer (Tanya), Ewen Bremner (Andrew), Ko Asung (Yona), Alison Pill (l'enseignante), Luke Pasqualino (Grey)
Sortie en Corée du Sud : 1er août 2013
Présentation au Festival du film américain de Deauville : 7 septembre 2013
Sortie en France : 30 octobre 2013
A sa sortie le film était interdit au moins de 12 ans
Distribution : Le Pacte
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