Lorsqu’il travaille sur The Outsiders, Francis Ford Coppola souhaite déjà adapter un autre roman de Susan Eloise Hinton, Rumble Fish. Il profite des heures de liberté que lui laisse le tournage pour écrire, en compagnie de son auteure, le scénario de Rusty James. Il tourne dans la foulée dans la même ville (Tulsa) et avec la même équipe. Un esprit de troupe naît alors sur le plateau, un bonheur pour Coppola.
Le cinéaste dédie Rusty James à son frère aîné August, son « plus grand professeur », pour lui, une influence majeure. Rusty James est en quête d’identité : il ne veut surtout pas ressembler à son père et rêve d’être à la hauteur de son frère, qui, même absent, reste le maître de toute la ville. Des années plus tard, Coppola traitera de nouveau du lien fraternel avec Tetro.
Rusty James est fascinant. Coppola voulait en faire un « film d’art expérimental pour ado ». L’histoire, perçue par Motorcycle Boy, daltonien et à moitié sourd, est filmée dans un noir & blanc ultra stylisé, dont les ombres peintes sur les murs rappellent l’expressionnisme allemand. Le découpage est vif, le travail sur la bande son de Stewart Copeland (batteur du groupe Police), exemplaire.
Et puis il y a ce duo d’acteurs. Matt Dillon, à peine 20 ans, très "physique". Mais surtout Mickey Rourke, mutique et charismatique, héritier direct du Brando de L’Équipée sauvage de Laslo Benedek, personnage shakespearien en exil dans son propre royaume. Revu plus de trente-cinq ans après, Rusty James porte plus que jamais la nostalgie de la jeunesse perdue.
« Comme [La Fureur de vivre] de Ray, Rusty James est un grand poème lyrique et tragique sur l’adolescence, un autel dressé à une période charnière et fantasmée de la vie, entre fin de l’innocence et découverte brutale du monde des adultes. […] Rien ne peut arrêter les expérimentations de Coppola : brèves occurrences colorées – des poissons rouges, verts ou bleus traversent nonchalamment le cadre –, jeux d’ombres expressionnistes, angles obliques, plans très composés font de Rusty James un petit diamant, qui doit autant à Abel Gance qu’à Orson Welles. » (Murielle Joudet, Le Monde, 8 février 2017)
Rusty James (Rumble Fish)
États-Unis, 1983, 1h34, noir et blanc, format 1.85
Réalisation :Francis Ford Coppola
Scénario : Francis Ford Coppola, S. E. Hinton, d’après le roman Rumble Fish de S. E. Hinton
Photo : Stephen H. Burum
Effets spéciaux : Dennis Dion
Musique : Stewart Copeland
Montage : Barry Malkin
Décors : Dean Tavoularis
Costumes : Marge Bowers
Production : Doug Claybourne, Fred Roos, Zoetrope Studios, Hot Weather Films
Interprètes : Matt Dillon (Rusty James), Mickey Rourke (Motorcycle Boy), Vincent Spano (Steve), Diane Lane (Patty), Diana Scarwid (Cassandra), Dennis Hopper (le père), Nicolas Cage (Smockey), Christopher Penn (B.J. Jackson), Laurence Fishburne (Midget), Tom Waits (Benny), William Smith (Patterson, le policier), Michael Higgins (Mr. Harrigan), Glenn Withrow (Biff Wilcox), Herb Rice (le joueur), Maybelle Wallace (l'employée), Nona Manning (la mère de Patty), Sofia Coppola sous le pseudonyme de Domino (la sœur de Patty), Gian-Carlo Coppola sous le pseudonyme de Gio (le cousin James)
Sortie aux États-Unis : 9 octobre 1983
Sortie en France : 15 février 1984
Dernière version 4K 2017 restaurée par Criterion, supervisée par le directeur de la photographie Stephen H. Burum et approuvée par Francis Ford Coppola. DCP fabriqué spécialement pour le festival par Criterion.
Première en salle de ce matériel hors USA.
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