Après avoir dépeint, dans ses premiers films, d'abord la noblesse, avec Les Aristocrates (1955), puis la bourgeoisie, avec Les Grandes Familles (1958), Denys de La Patellière se tourne, avec Rue des Prairies, vers le petit peuple parisien, achevant ainsi son panorama des grandes classes sociales du pays.
Adapté du roman populiste de René Lefèvre, Rue des Prairies relate l’histoire d’un veuf qui, après avoir assuré seul l’éducation de ses enfants, prend conscience qu’ils ne sont pas à son image. Les trajectoires qu'ils ont suivies lui échappent. Fernand, son fils illégitime, même s’il connaît des difficultés, est finalement celui qui lui porte le plus d’amour : en grandissant, il lui donnera plus de satisfaction que ses propres enfants.
Sur des dialogues signés Michel Audiard, le personnage qu’incarne Jean Gabin, contremaître démobilisé, est d’une très grande justesse, ainsi que le portrait sans fioritures de sa famille ouvrière.
Redécouvrir aujourd'hui le Paris du vingtième arrondissement à la fin des années 1950 éveille une nostalgie véritable. Sociologue sans le savoir, La Patellière a fixé un univers et une population – comme Duvivier dix ans plus tôt dans Sous le ciel de Paris – désormais disparus. Henri habite un quartier vivant, se rend dans la banlieue aisée de Saint-Cloud pour visiter sa fille et travaille sur le chantier de Sarcelles, première cité-dortoir en construction. Les nombreuses scènes en extérieur sur ce qui est alors, avec ses trois mille ouvriers, le plus grand projet d'urbanisme de France, offrent un matériau incroyable au cinéaste qui capte ainsi une transition sociétale. L’homme perd peu à peu ses repères, ses enfants et son quartier.
« Il y avait là une très jolie idée que Denys de la Patellière et Michel Audiard ont illustrée avec infiniment de tact mais aussi de drôlerie et d’émotion, car leur film est humain et vrai, de cette vérité qui n’appartient qu’à la vie quotidienne, faite d’une alternance continuelle de petites joies et de gros chagrins. » (Service de presse Cinédis)
Rue des Prairies
France, Italie, 1959, 1h31, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Denys de La Patellière
Scénario : Denys de La Patellière, Michel Audiard, d’après le roman éponyme de René Lefèvre
Dialogues : Michel Audiard
Photo : Louis Page
Musique : Georges Van Parys
Montage : Jacqueline Thiédot
Décors : René Renoux
Production : Georges Dancigers, Films Ariane, Filmsonor, Intermondia Films, Vides Film
Interprètes : Jean Gabin (Henri Neveux), Marie-José Nat (Odette), Claude Brasseur (Louis), Roger Dumas (Fernand), Paul Frankeur (Ernest), Roger Tréville (M. Pedrell), Renée Faure (Me Surville), Jacques Monod (le président), Louis Seigner (le procureur), Alfred Adam (Loutrel), François Chaumette (le directeur), Gabriel Gobin (M. Dubourg), France Asselin (Mme Dubourg), Dominique Page (Josette), Gaby Basset (Mme Gildas), Jacques Hilling (l'hôtelier), Marie Mergey (la crémière), Bernard Dhéran (le juge d'instruction), Guy Decomble (le père de Paul)
Sortie en France : 21 octobre 1959
Exclusivité Institut Lumière
Restauration par TF1 Studio en 4K à partir des négatifs image et son français, avec le soutien du CNC et de Coin de Mire Cinéma. Travaux numériques et photochimiques réalisés par le laboratoire Hiventy en 2018.
Ayant-droit : TF1 Studio
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox