Après avoir réalisé Plein soleil en 1960, René Clément travaille de nouveau avec les Italiens - pour la quatrième fois déjà, depuis Au-delà des grilles en 1948. Le cinéaste filme Alain Delon, son héros de Plein soleil : l’acteur vient de jouer pour Visconti dans Rocco et ses frères (1960) et poursuivra ensuite sa carrière italienne avec L'Éclipse d’Antonioni (1962) et Le Guépard de Visconti (1963).
René Clément s’entoure d'une équipe italienne et, reprenant les codes de la comédie bouffonne, il reconstitue habilement l’ambiance de l’époque, en la teintant d’une bonne humeur constante. Ce rire, toutefois, est au service d’une dénonciation et invite à la réflexion.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’Italie, comme le reste de l’Europe, cherche à se reconstruire et à bâtir une société nouvelle. En 1922, avant que Mussolini n'accède au pouvoir, plusieurs partis politiques s’opposent, et si les anarchistes souhaitent une paix authentique, les fascistes, quant à eux, veulent une paix armée. Le film se situe ainsi à une période charnière de l’histoire italienne et montre comment un individu sans conviction peut passer d’un extrême à l’autre, par inconscience et par amour.
« Avec une légèreté non dénuée de gravité, [René Clément] réalise un film sur la liberté, l’oppression, l’engagement, et la bouffonnerie de certaines situations ne masque pas le caractère crucial du moment : cet été 1922, à la veille de la marche sur Rome. De fait, les fascistes ne sont pas seulement ridicules, ils sont surtout inquiétants, eux qui parient sur les attentats pour rétablir l’ordre et conduire le pays dans une voie sans issue. Ainsi la joie de vivre tourne court, les portes de la prison qui se referment enserrent autant les protagonistes du film que les spectateurs qui les regardent. Comme le dit Clément, pour être libre, « il faut du génie ou de l’héroïsme ». » (Jean A. Gili, Positif n°612, février 2012)
Quelle joie de vivre(Che gioia vivere)
Italie, France, 1961, 1h53, noir et blanc, format 2.35
Réalisation : René Clément
Scénario : René Clément, Leo Benvenuti, Piero De Bernardi, d’après une idée originale de Gualtiero Jacopetti
Dialogues : Pierre Bost
Photo : Henri Decaë
Musique : Angelo Francesco Lavagnino
Montage : Madeleine Lecompère, Fedora Zincone
Décors : Piero Zuffi
Costumes : Pier Luigi Pizzi
Production : Franco Magli, Cinematografica Rire, Tempo Film, Francinex
Interprètes : Alain Delon (Ulysse Cecconato), Barbara Lass (Franca Fossati), Gino Cervi (Olinto Fossati), Rina Morelli (Rosa Fossati), Carlo Pisacane (le grand-père Fossati), Paolo Stoppa (Joseph), Giampiero Littera (Turiddu), Ugo Tognazzi (un anarchiste bulgare), Aroldo Tieri (un anarchiste bulgare), Didi Perego (Isabella), Annibale Ninchi (le professeur), Nanda Primavera (Marguerite), René Clément (un général)
Présentation au Festival de Cannes : 11 mai 1961
Sortie en Italie : 11 mai 1961
Sortie en France : 15 mai 1961
Exclusivité Institut Lumière
Restauration 2K à partir du négatif original au laboratoire Video Master Digital (Rome) par Intramovies, Paola Corvino, Mediaset (Italie) et la Fondation René Clément (France).
Distribution : Les Films du Camélia Ressortie en salles prochainement.
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