André Cayatte travaille sur un scénario original, inspiré de l’affaire Caryl Chessman et traitant des rôles différents qu’un homme joue au cours de sa vie, lorsqu’il se retrouve bloqué, dans l’impossibilité de terminer son script. Par hasard, il lit le roman de Sébastien Japrisot, Piège pour Cendrillon. « J’ai immédiatement été séduit, troublé, car sous la forme anecdotique, je retrouvais exactement mes intentions premières. J’avais découvert l’histoire la plus extraordinaire que j’aie jamais lue. » (André Cayatte, Unifrance Film, 30 juin 1965).
Pour adapter cette histoire de machination, le cinéaste s’adjoint les services de Jean Anouilh. Ensemble, ils signent une histoire sombre et angoissante, à la mécanique horlogère. Pour Cayatte, « c’est une aventure intérieure et une aventure. Le film a la cadence d’un western : les canyons, les Indiens, la fille du shérif et les chevaux sont remplacés par les tourments de la pensée. C’est l’attaque mentale de la diligence. Anouilh a fait du personnage principal une sœur d’Antigone, ajoutant dimension et grandeur. » (Arts, 13 octobre 1965)
Deux cousines héritières, montées l’une contre l’autre par leur gouvernante. L’une décède, l’autre est amnésique. Le casse-tête est justement incarné par Madeleine Robinson et Dany Carrel (dans un triple rôle). Cette dernière, sans mémoire, retrouve son innocence. Le cauchemar la mène à assumer les responsabilités d’une femme qu’elle n’est plus désormais. Ou qu’elle n’a peut-être jamais été ?
Du suspense, de la manipulation, une structure classique, une histoire très noire… Il n’en faut pas plus pour que la critique convoque le maître du genre. « C’est à Hitchcock qu’on pense en voyant Piège pour Cendrillon et on aurait mauvaise grâce à bouder le film sous prétexte qu’il est signé André Cayatte. En effet, Cayatte y prouve brillamment ce qu’on a tendance à oublier sous le fatras de ses essais sociologiques, patriotards ou moralisateurs précédents : qu’il est un admirable cinéaste de métier et qu’il se meut à l’aise dans la psychologie la plus compliquée. Dans Piège pour Cendrillon, tout est bien huilé, tout coule, pas un rouage de la machine de précision ne grince. On ne cesse pas de se passionner, de s’embrouiller, d’espérer, d’attendre, menés par la magie du suspense comme des enfants, ce qui était exactement le but du metteur en scène. » (Claire Clouzot, Cinéma 65 n°101, décembre 1965)
Piège pour Cendrillon
France, Italie, 1965, 1h55, noir et blanc, format 2.35
Réalisation : André Cayatte
Scénario :André Cayatte, Jean Anouilh, d’après le roman éponyme de Sébastien Japrisot
Dialogues : Jean Anouilh
Photo : Armand Thirard
Musique : Louiguy
Montage : Paul Cayatte
Décors : Robert Clavel
Costumes : Tanine Autré
Production : Alain Poiré, Gaumont International, Jolly Film
Interprètes : Dany Carrel (l’amnésique/Michèle/Dominique), Madeleine Robinson (Jeanne), Hubert Noël (François), Jean Gaven (Gabriel), René Dary (le docteur Doulin), Francis Nani (Serge), Robert Dalban (Bayen), Héléna Manson (l'infirmière), Dominique Davray (la concierge), Julien Verdier (l'employé du garage), Lucien Callamand (le docteur d'Antibes), Emile Riandreys (le portier), Edmond Tamiz (le valet de chambre)
Sortie en France : 22 octobre 1965
DCP inédit, fabriqué spécialement pour le festival.
Distribution : Gaumont
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