Nommé quatre fois aux Oscars, Pasqualino permet à Lina Wertmüller d’être la première réalisatrice de l’histoire à concourir dans cette catégorie.
Pour son neuvième long métrage, elle s’attaque à l’univers concentrationnaire, le décrivant avec un réalisme glaçant, filmant les cadavres entassés, les exécutions, les détenus… Elle y place un personnage inhumain, qu’elle caricature jusqu’à la démesure.
Son personnage principal, Pasqualino, interprété par son acteur fétiche Giancarlo Giannini (Prix d’interprétation masculine pour son rôle dans Film d'amour et d'anarchie et nommé à l’Oscar du meilleur acteur), est totalement détestable. Prêt à toutes les bassesses et compromissions pour survivre, Pasqualino est un « petit tyran domestique se révélant infâme couillon face à plus fort que lui. »
Les nombreux flashbacks dressent un portrait affreux de ce macho, qui, après avoir séduit la commandante, au demeurant repoussante, du camp nazi, devient kapo. De retour à Naples, Pasqualino épouse une jeune prostituée et continue de vivre aux crochets des femmes. La réalisatrice ne s’éloigne pas de ses préoccupations politiques et féministes.
Dans le style qui lui est propre, mêlant grotesque et sublime, comique et tragique, la cinéaste, avec une cruauté lucide, utilise l’humour comme une arme, optant pour l’outrance et la provocation. Avec une noirceur sans concessions, elle dévoile la cruauté des hommes. Le film fut interdit au moins de 14 ans à sa sortie en Italie. « [Lina Wertmüller] s’efforce au comique, jusque dans les camps de concentration, parce que ce comique pourrait être dénonciation de l’horreur et plaidoyer humanitaire. » (Jacques Demeure, Positif n°194, juin 1977)
Pasqualino (Pasqualino Settebellezze)
Italie, 1975, 1h56, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation & scénario : Lina Wertmüller
Photo : Tonino Delli Colli
Musique : Enzo Jannacci
Montage : Franco Fraticelli
Décors & costumes : Enrico Job
Production : Arrigo Colombo, Medusa Distribuzione
Interprètes : Giancarlo Giannini (Pasqualino Frafuso dit Settebellezze), Fernando Rey (Pedro le prisonnier anarchiste), Shirley Stoler (la commandante), Elena Fiore (Concettina, une sœur), Piero Di Iorio (Francesco), Enzo Vitale (Don Raffaele), Roberto Herlitzka (le socialiste), Lucio Amelio (l'avocat), Ermelinda De Felice (la mère de Pasqualino)
Sortie en Italie : 20 décembre 1975
A sa sortie le film était interdit au moins de 16 ans
DCP inédit, fabriqué spécialement pour le festival de Cannes.
Restauration 2019 par la CSC-Cineteca Nazionale à partir du négatif original, rendue possible grâce à RTI Mediaset en collaboration avec Infinity.
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