Le roman Moonrise de Theodore Strauss, d’abord publié en feuilleton, eut un tel succès que les maisons de production se bagarrèrent pour en acheter les droits. Et c’est à Frank Borzage qu’en fut confiée l’adaptation. Le réalisateur, auteur de plusieurs chefs-d'œuvre durant les années 20 et 30 (L'Heure suprême, La Femme au corbeau, Ceux de la zone, Trois camarades) récompensé par plusieurs Oscars, est alors dans une période moins fertile et les scénarios qu'on lui confie moins percutants. Moonrise est l'occasion pour lui de prouver qu'il n'appartient pas seulement à l'âge d'or hollywoodien.
Moonrise est un film profondément humaniste, affichant haut et fort son opposition à la peine de mort. Il s’ouvre sur une scène glaçante : l’ombre d’un pantin plane sur le berceau d’un bébé, tel son père gisant au bout d’une potence, marquant le nouveau-né au sceau du destin. "Le fils du pendu", comme il est surnommé, grandit au milieu des sarcasmes et des moqueries. Il doit sans cesse se battre pour se faire respecter. Constamment inquiet, il bascule dans la psychose et l’autodestruction lorsqu’il commet l’irréparable.
Pour cette plongée dans l’univers mental tourmenté de Danny Hawkins, Frank Borzage s'appuie sur la photo de John L. Russell, qui vient de signer les images du Macbeth d’Orson Welles. Oppressante, presque claustrophobe, jouant d'angles étranges et de la profondeur de champ, elle s’inspire des ombres et lumières des œuvres muettes du cinéaste.
Ce mélodrame très noir cache une critique sociale acide. Disséquant les machines infernales de la persécution et de la culpabilité, Moonrise nie clairement tout déterminisme. « À l’opposé du "film noir" classique qui pose sa descente aux enfers en constat, comme une mise à nu tenant sa justification en elle-même, Moonrise est entièrement conçu en fonction d’une guérison potentielle, d’un itinéraire initiatique qui passe par le retour aux origines. » (Hervé Dumont, Frank Borzage, un romantique à Hollywood, Actes Sud / Institut Lumière)
Moonrise
États-Unis, 1948, 1h30, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : Frank Borzage
Scénario : Charles F. Haas, d’après le roman Moonrise de Theodore Strauss
Photo : John L. Russell
Effets spéciaux : Howard et Theodore Lydecker
Musique : William Lava
Montage : Harry Keller
Décors : Lionel Banks, John McCarthy Jr., George Sawley
Costumes : Adele Palmer
Production : Charles F. Haas, Marshall Grant Pictures Production, Charles K. Feldman Group Prod.
Interprètes : Dane Clark (Danny Hawkins), Gail Russell (Gilly Johnson), Ethel Barrymore (grand-mère Hawkins), Allyn Joslyn (Clem Otis, le shérif), Rex Ingram (Mose), Henry Morgan (Billy Scripture), David Street (Ken Williams, le musicien), Selena Royle (tante Jessie), Harry Carey Jr. (Jimmy Biff), Irving Bacon (Judd Jenkins), Lloyd Bridges (Jerry Sykes), Houseley Stevenson (oncle Joe Jingle), Phil Brown (Elmer), Harry V. Cheshire (J.B. Sykes), Lila Leeds (Julie), Virginia Mullen (Miss Simpkins), Oliver Blake (Ed Conlon), Tom Fadden (Homer Blackstone)
Sortie aux États-Unis : 9 septembre 1948
Sortie en France : 4 août 1950
Exclusivité Institut Lumière
Restauration 4K réalisée par Criterion à partir du négatif caméra d'origine
Distribution : Théâtre du Temple. Ressortie en salles le 27 novembre 2019.
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