« Dès le début du tournage, je voulais agresser le public, l’attaquer. Pour moi, c’était le "méchant" du film. Parce que je tiens le public pour responsable (et dans ce public, je m’inclus aussi) de tout ce que nous trouvons inadmissible et qui se déroule sous nos yeux. Les responsables des crimes monstrueux que l’on commet sous notre nez sont moins les gens qui les commettent que ceux qui permettent qu’on puisse les commettre.» (Robert Altman, Positif n° 147, février 1973)
Quand Robert Altman accepta enfin le scénario de Ring Lardner Jr. (après l’avoir préalablement refusé, ainsi qu'une quinzaine de réalisateurs), il obtint de son producteur Ingo Preminger une totale liberté, qu'il mit très nettement à profit. M*A*S*H marque, en 1970, l’avènement d’un cinéma américain turbulent et insolent.
Pour ne pas sombrer dans la folie, et alors que la mort rôde, trois jeunes frondeurs anticonformistes cherchent le plaisir sous toutes ses formes et bafouent, avec un style certain, l’autorité du M.A.S.H. (Mobile Army Surgical Hospital). M*A*S*H fait exploser les codes du film de guerre, critique société et institutions et manie un humour noir et morbide. Rien n’est épargné, tout est attaqué, violemment, dans cette féroce satire : guerre, mort, sexe, armée, religion, suicide… À noter qu’Altman rajouta le haut-parleur, personnage à part entière, médium des scènes les plus loufoques, comme la célèbre partie de jambes en l’air de Hot Lips.
M*A*S*H s’inscrit donc pleinement dans la contre-culture du moment : antimilitarisme, liberté sexuelle, opposition à la guerre du Viêt-nam… Car si le film décrit le front coréen, c’est bien l’enlisement au Viêt-nam que visait Richard Hooker, l'auteur du roman. Succès critique et public, M*A*S*H recevra la Palme d’or à Cannes en 1970 et l’Oscar du meilleur scénario adapté en 1971.
« Dans une Amérique où Nixon essaye de relancer les valeurs traditionnelles et nationalistes, où les banques et les stations-service distribuent des drapeaux, où les anciens combattants revenant du Viêt-nam ont droit à des carnets de chèques spéciaux, avec leur nom et leur grade "gravés gratuitement", un tel film prend des allures de défi, d’autant qu’il est écrit par ce que Mr. Agnew appelle : "un horrible intellectuel rouge". » (Bertrand Tavernier, Positif n°120, octobre 1970)
M*A*S*H (M.A.S.H.)
États-Unis, 1970, 1h56, couleurs, format 2.35
Réalisation : Robert Altman
Scénario: Ring Lardner Jr., d’après le roman Mash : A Novel About Three Army Doctors de Richard Hooker
Photo : Harold E. Stine
Musique : Johnny Mandel
Montage : Danford B. Greene, Leonard A. Engel
Décors : Stuart A. Reiss, Walter M. Scott
Costumes : Wesley Trist, Mary Tate
Production : Ingo Preminger, Aspen Productions, Ingo Preminger Productions
Interprètes : Donald Sutherland (Hawkeye), Elliott Gould (Trapper John), Tom Skerritt (Duke), Sally Kellerman (la major O'Houlihan, dite Hot Lips), Robert Duvall (le major Frank Burns), Jo Ann Pflug (le lieutenant Dish), René Auberjonois (Dago Red), Roger Bowen (le colonel Henry Blake), Gary Burghoff (Radar O'Reilly), David Arkin (le sergent-major Vollmer), Fred Williamson (Spearchucker), Michael Murphy (Me Lai), Kim Atwood (Ho-Jon), Tim Brown (le caporal Judson), Indus Arthur (le lieutenant Leslie), John Schuck (Painless Pole)
Sortie aux États-Unis : mars 1970
Présentation au Festival de Cannes : 12 mai 1970
Sortie en France : 12 août 1970
Restauration numérique
Distribution : Park Circus
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