Après une décennie 1970 pendant laquelle il tourne des films d’esthète, contemplatifs et arides, Philippe Garrel entame les années 1980 avec Liberté, la nuit, un film ancré dans des faits historiques : la guerre d’Algérie, plaie toujours ouverte de l’Histoire française. Un retour au réel.
Le cinéaste filme les événements politiques à travers deux relations amoureuses, l'une qui se termine, l'autre qui commence. Dans ces années où l’on mourait en France, en pleine rue, pour ses sympathies avec le FLN, Jean (Maurice Garrel, immense comédien et père du cinéaste), après la tristesse du souvenir et la douleur de l’absence, revient à la vie, à l’amour, au désir aux côtés de la jeune Gemina.
Le récit de Liberté, la nuit est simple, son traitement est simplement beau. Garrel saisit les visages et les émotions qui les traversent, leurs fugaces états d’âmes. Ses personnages vivent à l’écran et les portraits qu'il en trace sont vifs et intenses. À travers de longs plans immobiles, des instants saisis, parfois volés (Garrel est adepte de la prise unique), le film questionne la liberté, qu’elle soit individuelle ou collective. Et en travaillant la matière même de sa pellicule, changeant la texture de ses images, le cinéaste livre un cinéma du ressenti, à la charge poétique et émotionnelle particulièrement forte.
« De la même manière qu’un dessinateur peut en quelques coups de crayon faire naître un univers, de brefs plans pris à la volée suffisent pour dire la couleur de la séparation, la période de la guerre d’Algérie, l’amour fou, une poursuite. Liberté, la nuit a la beauté des esquisses ; le plan est exécuté d’un seul geste. On ne peut pas imaginer plusieurs prises, ou alors toutes différentes. Garrel ne cherche pas à réaliser une image conçue à l’avance, il capte quelque chose de l’ordre de la surprise, du surgissement de la vie, nous donnant "ce sentiment confus que ce qu’on l’on voit a la sécheresse de l’inéluctable et du définitif". » (Jacques Kermabon, Cinéma n°310, octobre 1984)
Liberté, la nuit
France, 1984, 1h19, noir et blanc, format 1.66
Réalisation & scénario : Philippe Garrel
Adaptation : Bernard Lambert
Photo : Pascal Laperrousaz
Montage : Dominique Auvray
Musique : Faton Cahen
Production : INA - Institut National de l'Audiovisuel
Interprètes : Emmanuelle Riva (Mouche), Maurice Garrel (Jean), Christine Boisson (Gemina), Laszlo Szabo (le marionnettiste), Brigitte Sy (Micheline), Pierre Forest, Gérard Demond (les parachutistes), Barthélémy Teillaud, Muriel Oger (les enfants), Raymond Portalier, Joël Barbouth (les policiers en civil), Julien Sarfati (Mehdi), Mohammed Fellag (Mohand), Salah Teskouk (Salah), Habib Laidi (un ouvrier algérien)
Présentation au Festival de Cannes : 15 mai 1984
Sortie en France : 3 octobre 1984
Exclusivité Institut Lumière
Restauration 2K par l’INA à partir du négatif, d’une copie zéro 35mm et du son optique.
Ayant-droit : INA
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