Premier long métrage de Léonard Keigel, jusque-là assistant de René Clément, Léviathan est également la première adaptation d’une œuvre de Julien Green. C’est la rencontre du cinéaste avec Pierre Jourdan, frère de Louis et ami de Julien Green, qui facilitera le projet. Convaincu, l’auteur écrira les dialogues du film. L’univers mystérieux et violent de Green est difficile à porter à l’écran. Aussi Léonard Keigel expliquait alors : « En réalité, je n’adapte pas le roman au sens traditionnel du terme. J’essaye de conserver la vision de l’auteur la plus authentique possible, j’évite l’aspect purement illustration pour pénétrer en profondeur dans cette vision ». (Dossier de presse)
C’est ainsi que dans un clair-obscur tortueux, le cinéaste filme des amours, certes monstrueuses, mais des amours passionnées. L’obsession du désir sexuel, les ravages de la jalousie engendrent les pires excès. Léviathan est un film troublant : ses personnages mystérieux sont particulièrement difficiles à saisir. Angèle semble un ange déchu, Eva Grosgeorges, une femme cynique et sadique… Mais ce n’est pas si simple. « Mon film sera très étudié, continuellement composé dans les lumières, les mouvements d’appareils, le jeu des acteurs. Ma caméra étudiera minutieusement chaque geste des personnages, les suivra avec le maximum de souplesse, les analysera comme un microscope. » (Léonard Keigel, id.)
« Tragédie des solitudes humaines » pour Léonard Keigel, Léviathan est une œuvre lyrique et romantique. « Dramaturgie, suspense, architecture, sensibilité, maîtrise, dialogues, musique et prise de vue, et aussi une radieuse mélancolie de Marie Laforêt dont le nom se mêle invinciblement dans mon esprit à celui de l’infortunée dryade Eurydice dans sa recherche éternelle d’Orphée, tout me semble concourir à ce qu’il est convenu d’appeler "un film de classe". […] Je me dois de défendre les jeunes lorsque je sens le frémissement particulier du talent. » (Abel Gance, L’Avant-scène Cinéma n°15, avril 1962)
Léviathan
France, 1962, 1h38, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Léonard Keigel
Scénario : René Gérard, Léonard Keigel, d’après le roman éponyme de Julien Green
Dialogues : Julien Green
Photo : Nicolas Hayer
Musique : Arnold Schönberg
Montage : Armand Psenny
Décors : Antoine Mayo
Costumes : Roger Harth, Maison Jean Patou
Production : Pierre Jourdan, Les Films du Valois
Interprètes : Louis Jourdan (Paul Guéret), Lilli Palmer (Mme Grosgeorges), Marie Laforêt (Angèle), Georges Wilson (M. Grosgeorges), Madeleine Robinson (Mme Londe), Édouard Francomme (le vieillard), Florence Landon (Fernande), Patrick Monneron (André), Nathalie Nerval (Marie Guéret)
Présentation à la Mostra de Venise : août 1961
Sortie en France : 13 avril 1962
A sa sortie le film était interdit au moins de 12 ans
Exclusivité Institut Lumière
Restauration 4K Héliotrope Films aux laboratoires ÉCLAIR et L.E. DIAPASON, avec le soutien du CNC, directement supervisée par le réalisateur Léonard Keigel, à partir des négatifs image et son 35mm.
Distribution : Héliotrope Films. Ressortie ean salles au premier trimestre 2020.
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