Largement inspiré d’affaires récentes, mais également du travail du couple d’avocats Simone et Jean Cornec sur les témoignages d'enfants, André Cayatte s’attaque à un sujet encore tabou à l’époque, la pédophilie. À ce titre, Les Risques du métier est un film audacieux (audace encore : offrir à Jacques Brel son premier rôle au cinéma, celui de l'instituteur bafoué). Le cinéaste s’adjoint pour le scénario les services d’Armand Jammot, journaliste et, à partir d'avril 1967, producteur des Dossiers de l’écran, émission de débat de société, précédé d’un film, qui fera date à la télévision française. Le nouveau film de Cayatte s’inscrit visiblement dans cette ligne éditoriale.
Le réalisateur mène une enquête très détaillée avant de tourner : il rencontre tous les protagonistes d’affaires similaires (enfants, parents, juges, avocats, associations d’instituteurs…). Il peut alors décortiquer le mécanisme de la rumeur et les désastres qu’elle engendre (sujet indémodable au cinéma, comme le prouve le très réussi La Chasse de Thomas Vinterberg). Il souhaite également, comme dans Avant le déluge, mettre en lumière la difficulté du dialogue entre adultes et enfants et la fragilité des témoignages de ces derniers. Mais on lui reproche d’être de nouveau trop manichéen et de ne pas approfondir les raisons de leurs faux témoignages.
Le cinéaste, fidèle à son style, utilise une technique très classique, sans effet de manche, dans un souci de clarté et dans un seul but : convaincre. Il tenait toutefois absolument à filmer en couleurs afin de plonger les spectateurs dans les yeux clairs des enfants, dont, selon lui, se dégage une impression de pureté et d’innocence. Comparée à la Nouvelle Vague, la rigueur de Cayatte plaît encore à certains : « Malgré ses débuts moins anciens, Cayatte a rejoint la vieille vague des touristes-routiers du Tour de France, les Decoin, les Duvivier, qui plusieurs poils au-dessous de leurs équivalents américains, sont souvent capables, néanmoins, de robuste ouvrage, d’anonyme rigueur et de bons gros savoir-faire. Soit infiniment plus que beaucoup de prétentieuses Marie-Louise ne seront de longtemps prêtes à nous donner. » (Roger Tailleur, Positif n°93, mars 1968)
Les Risques du métier
France, 1967, 1h45, couleurs (Eastmancolor), format 1.85
Réalisation : André Cayatte
Scénario :André Cayatte, Armand Jammot, d’après l’ouvrage éponyme de Simone et Jean Cornec
Dialogues : Armand Jammot
Photo : Christian Matras
Musique : Jacques Brel, François Rauber
Montage : Hélène Plemiannikov
Décors : Paul-Louis Boutié
Production : Alain Poiré, Gaumont International
Interprètes : Jacques Brel (Jean Doucet), Emmanuelle Riva (Suzanne Doucet), Jacques Harden (Robert Arnaud), René Dary (M. Beaudoin, le maire), Christine Fabréga (Mme Roussel), Nadine Alari (Mme Armand), Marius Laurey (Roussel), Albert Michel (M. Canet), Claudine Berg (Mme Canet), Delphine Deysieux (Catherine), Nathalie Nell (Hélène), Chantal Martin (Josette), Muriel Baptiste (Martine)
Sortie en France : 21 décembre 1967
Restauration Gaumont au laboratoire Eclair, scan 2K, restauration 2K.
Distribution : Gaumont
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