C’est avec ce film, il y a 50 ans, que Francis Ford Coppola lança sa légendaire maison de production, American Zoetrope.
Lorsqu’il était enfant, Francis Ford Coppola vit sa mère partir quelques jours, quittant mari et enfants. Ces quelques jours, elle les passa seule, dans un motel. De ce matériau familial, associé à sa promesse d’écrire un jour pour Shirley Knight, est né Les Gens de la pluie.
Ce projet bien plus personnel, Coppola décide de l'entreprendre avec ses fonds propres. Son fantastique pouvoir de persuasion fera le reste : il demande une rallonge à Warner Bros. et Seven Arts, qui la lui accordent, malgré l’insuccès de son film précédent, La Vallée du bonheur. La négociation ira même plus loin : Coppola veut réaliser de manière totalement indépendante. Il impose alors au studio un tournage itinérant sur les routes américaines, d’est en ouest, avec une équipe réduite et huit véhicules, puis un séjour de deux mois dans le Nebraska.
"Les gens de la pluie" sont, selon l’histoire racontée par le personnage de Killer, ces êtres faits de pluie qui fondent et disparaissent complètement lorsqu’ils pleurent. Pour lui, Natalie fait partie de ces personnes. Il est vrai que jusque-là, Natalie s’est dissoute dans une vie qu’on a décidée pour elle, un destin que finalement, elle n’a pas choisi. Sur la route, elle avance au hasard des rencontres. Et celle de Killer sera capitale : le colosse, redevenu enfant, abîmé par un accident cérébral, est encore plus désemparé qu’elle. Comme elle oscille entre l’envie de partir et celle de rester avec son époux et d’élever leur enfant à naître, elle oscille entre poursuivre son chemin seule ou s’occuper de cet homme-enfant.
Road-movie féminin – qui annonce les futurs Wanda de Barbara Loden ou Alice n’est plus ici de Martin Scorsese –, Les Gens de la pluie est sans doute l’un des plus beaux portraits de femme de Coppola. Le cinéaste sonde l’Amérique contemporaine, faite de précarité, où chacun se débat avec ses blessures et ses angoisses. Loin des canons hollywoodiens, il filme "à l’européenne" l’errance et les illusions perdues.
« Les Gens de la pluie est un des premiers films américains de déplacement. D’ordinaire dans le cinéma US, on ne se déplace pas. On va toujours vers quelque chose. On a un but à atteindre. Un objectif au voyage. Le cinéma américain est celui de l’action à accomplir. Pas ici. Pas chez Coppola. Seul compte et est filmé le déplacement. Natalie ne sait pas où elle va mais elle va. […] Le déplacement, c’est l’occupation du vide. […] Ce que Les Gens de la pluie a à dire, il le révèle par le vide et non par le plein, comme le veulent l’habitude et l’imaginaire du cinéma hollywoodien. […] Les récits initiatiques (voir les rites, omniprésents) de Coppola ne débouchent sur aucun enseignement. C’est là leur intérêt, leur beauté. Pas d’exercices profitables, de leçons. » (Cédric Anger in Francis Ford Coppola, Capricci)
Les Gens de la pluie (The Rain People)
États-Unis, 1969, 1h41, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation & scénario : Francis Ford Coppola
Photo : Wilmer Butler
Musique : Ronald Stein
Montage : Blackie Malkin
Direction artistique : Leon Ericksen
Production : Ronald Colby, Bart Patton, American Zoetrope
Interprètes : Shirley Knight (Natalie Ravenna), James Caan (Jimmie "Killer" Kilgannon), Robert Duvall (Gordon), Marya Zimmet (Rosalie), Tom Aldredge (Mr. Alfred), Laurie Crewes (Ellen), Andrew Duncan (Artie), Margaret Fairchild (Marion), Sally Gracie (Beth), Alan Manson (Lou), Robert Modica (Vinny Ravenna)
Présentation au Festival international de Donostia-San Sebastian: juin 1969
Sortie aux États-Unis : 27 août 1969
Sortie en France : 21 octobre 1970
A sa sortie le film était interdit au moins de 12 ans
Restauration par American Zoetrope inédite, fabriqué spécialement pour le festival.
Première mondiale
Distribution : Warner Bros
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox