Cayatte résumait ainsi ses premières réalisations : « J’ai appris mon métier à travers quelques films qui sont peut-être ridicules, mais dont je n’ai pas à avoir honte parce que je n’y ai jamais soutenu ou exprimé des sentiments contraires à mes convictions. » On retrouve ici la droiture de l’ancien avocat et réalisateur de Justice est faite ou Nous sommes tous des assassins. C’est ainsi que Les Amants de Vérone est considéré par le cinéaste comme son premier véritable film, le premier qu’il ait fait « en tant qu’auteur ». Associé à Jacques Prévert pour le scénario, Cayatte ne signe pas encore un film sur un sujet contemporain brûlant, ce qui sera ensuite sa marque de fabrique. Mais on peut y voir déjà les prémices de sa révolte contre la société et les puissants manipulateurs, représentants d’une société corrompue.
« Dernier des grands films prévertiens » pour les Cahiers du cinéma, « résurgence du réalisme poétique » pour Jacques Siclier, Les Amants de Vérone expose l'opposition dramatique entre la pureté des héros et leur impossible idylle et la violence d’un destin social prédéterminé. Transposé dans l’Italie d’après-guerre, infusé par la pourriture abjecte de ses barons, le thème de la tragédie shakespearienne apparaît comme éternel et terriblement moderne.
« Serge Reggiani et Anouk Aimée, modernes Roméo et Juliette des Amants de Vérone, forment sans doute le couple le plus révolutionnaire de Prévert. Leur amour est d’autant plus beau qu’il prend naissance dans un véritable cloaque où croassent un magistrat fasciste, une horrible proxénète, un répugnant tueur, un ruffian et quelques autres personnages du même acabit qui, tous, se liguent contre les amants. Il faut signaler qu’à propos de ce film certains critiques cinématographiques pourtant calmes et prudents devant des films d’amour et des films sociaux, n’ont pas pu supporter la pureté et la révolte de l’amour contre la pourriture environnante mise ainsi à nu. » (Ado Kyrou, Amour-érotisme et cinéma, éd. Éric Losfeld)
Les Amants de Vérone
France, 1949, 1h43, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : André Cayatte
Scénario :André Cayatte, Jacques Prévert
Dialogues : Jacques Prévert
Photo : Henri Alekan
Musique : Joseph Kosma
Montage : Christian Gaudin
Décors : René Moulaert
Costumes : Rosine Delamare
Production : Raymond Borderie, Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique
Interprètes : Serge Reggiani (Angelo), Anouk Aimée (Georgia Maglia), Pierre Brasseur (Raffaele), Louis Salou (Ettore Maglia), Martine Carol (Bettina Verdi), Roland Armontel (Bianchini), Charles Dechamps (Sandrini), René Génin (le gardien du tombeau), Solange Sicard (Lucia Maglia), Claudie Carter (Cléo), Marcel Pérès (Domini), Charles Blavette (le patron de la verrerie), Philippe Lemaire (Benedetti), Marcel Dalio (Amedeo Maglia)
Sortie en France : 7 mars 1949
Restauration 4K par Pathé en 2014, avec le soutien du CNC, au laboratoire L’Immagine Ritrovata à Bologne à partir des négatifs originaux 35mm.
Distribution : Pathé
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox