Paru à la fin des années 1960, The Godfather de Mario Puzo est un énorme succès. La Paramount cherche à l’adapter à peu de frais. Le studio décide de confier le projet à Francis Ford Coppola, dont les origines italo-américaines semblent un gage de confiance. Il était peu prévisible que Le Parrain devienne le classique qu’il est aujourd’hui. Avec ce film, qui remporte trois Oscars et cinq Golden Globes, Coppola signe son premier grand succès, celui qui lui permettra de conquérir Hollywood.
Une des raisons de ce succès est certainement le souci d’authenticité du cinéaste. Au lieu d’adapter le roman à l’époque contemporaine, il décide de reconstituer le New York du milieu des années 40. Les images, d’une violence réaliste, présentent les personnages évoluant dans le décor naturel du Lower East Side, maquillé en rue du milieu du XXe siècle, et de Little Italy, quartiers grouillants, vivants et traditionnels. La musique inoubliable de Nino Rota, rappelant les valses italiennes, contribue au succès du Parrain. La mise en scène est d’un classicisme très efficace, Coppola travaille minutieusement avec ses acteurs et demande au chef opérateur Gordon Willis une ambiance ténébreuse, à l’image des protagonistes.
Conçu comme un film sur les Borgia, Le Parrain, au-delà d'une famille de gangsters, présente une dynastie face au problème de la succession. Don Vito Corleone (Marlon Brando) cherche en ses trois fils l’héritier de son empire. Michael (Al Pacino), le cadet, a tout fait pour s’éloigner de ces affaires. Ce sont ses valeurs morales et notamment l’importance de la famille qui le feront changer d’avis. Les personnages ne sont pas présentés comme de simples gangsters d’origine sicilienne, ils sont aussi les vecteurs des valeurs américaines : famille, business, patrie. Ils sont les enfants d’une Amérique en évolution.
Deux ans après le premier opus, Coppola ajoute un second volet à la saga. Grâce au succès retentissant du Parrain, il a toute liberté (et un budget doublé) pour travailler. Il s’attache désormais au destin tragique de Michael, devenu un Don Corleone furieux, paranoïaque, solitaire. La chute approche, la perte des valeurs originelles et du sacré également. En parallèle, on nous montre l’ascension, plusieurs décennies plus tôt, de son père Vito, jeune immigré italien dans une Amérique en plein essor.
La fin de ce deuxième volet ne laisse que peu de place à une suite : Coppola refusera longtemps d’en réaliser une. Quinze ans plus tard, il décide pourtant de repasser derrière la caméra pour filmer l’épilogue, beaucoup plus intimiste, de son histoire. L’heure est au bilan, celui d’une vie de crime, de trahison, et désormais de remords. De nouveau, les motifs de la succession et de l’héritage reviennent, inexorablement. Coppola souhaitait d’ailleurs intituler cet épilogue La Mort de Michael Corleone.
« Quand je faisais des choix dans l’écriture du scénario des trois Parrain, je les basais en général toujours sur quelque chose que j’avais connu personnellement. […] Ces films sont comme des home movies. Dans ces films, il y a ma vraie sœur, la musique est de mon père : ça m’a permis de faire du Parrain III un film tout à fait personnel. Je savais que cela donnerait de la vie au film. » (Francis Ford Coppola, Cahiers du cinéma n°442, avril 1991). Saga hors norme servie par des acteurs qui ne le sont pas moins (remarquables Marlon Brando, Al Pacino, Robert De Niro, Robert Duvall, Diane Keaton…), devenue objet de culte, la trilogie du Parrain synthétise toute l’œuvre du cinéaste : une histoire familiale dans la lignée des grandes sagas classiques, un ton chargé de mélancolie, un questionnement sur le rapport au temps et à la transmission.
« Modèle du genre inégalé dans l’histoire récente du cinéma, la trilogie enchaîne les épisodes, maintenant intact le cap de son ambition initiale. Aucune trace de surenchère dans la succession de ces tomes, les films obéissent à une seule loi : celle qui commande l’expansion romanesque, pour mieux la livrer à sa chute finale. Film-monde, le projet est bien de resserrer dans leurs détails une époque et un univers ("the family"), mais aussi d’accompagner le passage du temps sur eux. » (Jean-Pierre Rehm, Cahiers du cinéma n°585, décembre 2003)
Le Parrain (The Godfather)
États-Unis, 1972, 2h57, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario: Mario Puzo, Francis Ford Coppola, d’après le roman éponyme de Mario Puzo
Photo: Gordon Willis
Effets spéciaux : Sass Bedig, A.D. Flowers, Joe Lombardi
Musique: Nino Rota, Carmine Coppola
Montage: William Reynolds, Peter Zinner
Décors: Dean Tavoularis, Philip Smith
Costumes: Anna Hill Johnstone
Production: Albert S. Ruddy, Paramount Pictures, Alfran Productions
Interprètes : Marlon Brando (Don Vito Corleone), Al Pacino (Michael Corleone), James Caan (Santino "Sonny" Corleone), Richard S. Castellano (Peter Clemenza), Robert Duvall (Tom Hagen), John Marley (Jack Woltz), Richard Conte (Barzini), Al Lettieri (Sollozzo), Diane Keaton (Kay Adams), Talia Shire (Constanza "Connie" Corleone-Rizzi), Sterling Hayden (le capitaine McCluskey)
Sortie aux États-Unis : 24 mars 1972
Sortie en France : 18 octobre 1972
A sa sortie le film était interdit au moins de 12 ans
Restauration numérique
Distribution : Park Circus
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Le Parrain, 2e partie (The Godfather: Part II)
États-Unis, 1974, 3h22, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario: Mario Puzo, Francis Ford Coppola, d’après le roman éponymede Mario Puzo
Photo: Gordon Willis
Effets spéciaux : A.D. Flowers, Joe Lombardi
Musique: Nino Rota, Carmine Coppola
Montage: Barry Malkin, Richard Marks, Peter Zinner
Décors: Dean Tavoularis, George R. Nelson
Costumes: Theadora Van Runkle
Production: Francis Ford Coppola, Gray Frederickson, Fred Roos, Paramount Pictures, The Coppola Company
Interprètes : Al Pacino (Michael Corleone), Robert Duvall (Tom Hagen), Diane Keaton (Kay), Robert De Niro (Vito Corleone), John Cazale (Fredo Corleone), Talia Shire (Connie Corleone), Lee Strasberg (Hyman Roth), Michael V. Gazzo (Frankie Pentangeli), G. D. Spradlin (le sénateur Pat Geary), Richard Bright (Al Neri), et Roger Corman (un sénateur), Roman Coppola (Sonny Corleone, enfant), Sofia Coppola (une enfant)
Sortie aux États-Unis : 20 décembre 1974
Sortie en France : 27 août 1975
Restauration numérique
Distribution : Park Circus
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Le Parrain, 3e partie (The Godfather: Part III)
États-Unis, 1990, 2h42, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation : Francis Ford Coppola
Scénario: Mario Puzo, Francis Ford Coppola, d’après le roman éponymede Mario Puzo
Photo: Gordon Willis
Effets spéciaux : R. Bruce Steinheimer, Lawrence J. Cavanaugh
Musique: Nino Rota, Carmine Coppola
Montage: Barry Malkin, Lisa Fruchtman, Walter Murch
Décors: Dean Tavoularis
Costumes: Milena Canonero
Production: Francis Ford Coppola, Gray Frederickson, Fred Roos, Charles Mulvehill, Paramount Pictures, Zoetrope Studios
Interprètes : Al Pacino (Michael Corleone), Diane Keaton (Kay), Talia Shire (Connie Corleone Rizzi), Andy Garcia (Vincent Mancini), Eli Wallach (Don Altobello), Joe Mantegna (Joey Zasa), George Hamilton (B. J. Harrison), Bridget Fonda (Grace Hamilton), Sofia Coppola (Mary Corleone), Raf Vallone (le cardinal Lamberto), Franc D'Ambrosio (Anthony Corleone), Donal Donnelly (l’archevêque Gilday), Richard Bright (Al Neri), Helmut Berger (Frederick Keinszig)
Sortie aux États-Unis : 25 décembre 1990
Sortie en France : 27 mars 1991
Distribution : Park Circus
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