André Cayatte, réalisateur ancré dans son époque, à l’affût des usages et des préoccupations de ses contemporains, prend prétexte de la question de la chirurgie esthétique pour interroger celle du couple.
Le Miroir à deux faces est un drame psychologique, un drame de la jalousie. Une femme est choisie comme épouse pour son physique peu aimable. Cayatte donne à voir comment un chirurgien esthétique, en modifiant l’un des éléments du couple (le physique de Marie-José), modifie profondément l’équilibre même de celui-ci.
Deux points de vue – mais aussi deux relations – s’affrontent dans cette peinture critique d’un milieu petit-bourgeois. D’un côté, le mari. Médiocre dans la première partie, il devient amer et mauvais dans la seconde : on lui a volé la femme qu’il avait choisie. De l’autre, l’épouse. Traitée comme inférieure à cause de sa laideur, elle rêve de se réconcilier avec son physique. Son nouveau visage lui offre une nouvelle personnalité : de la résignation, elle passe à la libération.
Cayatte voulait que son film soit vu comme un éloge de la femme moderne, libre et indépendante. Pour marquer le contraste entre les deux périodes de la vie de Marie-José, Michèle Morgan se transforma. On parla même de l’abnégation de la belle comédienne qui « n’hésita pas à s’enlaidir ». Cayatte imposa le secret sur le tournage et instaura un embargo sur les photos de l’actrice.
Comme à son habitude, la presse est divisée à propos du film. Mais si on reproche à Michèle Morgan de passer trop brutalement de la capitulation à la revendication, on souligne l’interprétation de Bourvil, époux minable dans une nouvelle composition dramatique. « Après ses succès dans La Traversée de Paris et Les Misérables, Bourvil prouve définitivement ici qu’il est un des plus grands comédiens du cinéma français. C’est avec une vérité hallucinante qu’il interprète le rôle du mari veule, tatillon, mesquin, et quand, à la fin du film, la jalousie le rend furieux, sa violence est telle qu’elle provoque chez le spectateur une sorte de gêne mêlée d’effroi… » (Jean de Baroncelli, Le Monde, 23 octobre 1958)
Le Miroir à deux faces
France, Italie, 1958, 1h36, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : André Cayatte
Scénario :André Cayatte, Gérard Oury
Dialogues : Jean Meckert, Denis Perret
Photo : Christian Matras
Musique : Louiguy
Montage : Paul Cayatte
Décors : Jacques Colombier
Costumes : Tanine Autré, Paulette Coquatrix
Production : Henry Deutschmeister, Alain Poiré, Paris Union Films, Franco-London-Films, Société Nouvelle des Établissements Gaumont, CEI Incom
Interprètes : Michèle Morgan (Marie-José Vauzange-Tardivet), Bourvil (Pierre Tardivet), Ivan Desny (Gérard Durieu), Georges Chamarat (M. Vauzange), Élisabeth Manet (Véronique Vauzange), Sylvie (Mme Tardivet), Georgette Anys (Mme Benoît), Julien Carette (M. Benoit), Jane Marken (Mme Vauzange), Marcel Pérès (le patron du bistrot), Sandra Milo (Ariane), Gérard Oury (le docteur Bosc)
Sortie en France : 15 octobre 1958
Restauration 2K spécialement pour le festival par Gaumont au laboratoire Eclair.
Distribution : Gaumont
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