Marco Ferreri s’installe en Espagne à la fin des années 1950, et réalise trois films, dont El cochecito (1960). De retour en Italie, il s’intéresse à la pièce de Goffredo Parise, La moglie e cavallo, et à partir de cette œuvre très courte – un acte seulement –, il écrit, avec l’aide de Rafael Azcona et de plusieurs collaborateurs, Le Lit conjugal.
Avant sa sortie, le film, accusé d’obscénité, est frappé par la censure et les copies sont bloquées. Mais la justice finira par l'autoriser. Le film, dont le titre original est nettement plus évocateur – l’Ape Regina, ou la reine des abeilles, qui rejette le mâle après la fécondation –, aborde les thèmes de l’obsession, de la cruauté, sous couvert d’une critique de l’emprise de la religion en Italie.
Subjuguée par la beauté de Marina Vlady dans Jours d’amour de Giuseppe De Santis, Marco Ferreri l'a choisie pour interpréter Regina, cette femme vampire, qui, après l’avoir épuisé sexuellement, ne voit plus, une fois enceinte, aucune utilité à son époux, réduit à son seul rôle procréateur. Regina, dans une tradition familiale vouée au dogme catholique, perpétue la trajectoire de sa mère et de ses tantes, toutes solitaires. Prix d’interprétation féminine à Cannes en 1963, Marina Vlady, âgée de 26 ans seulement, campe un personnage d’une grande justesse, entre candeur et perversité.
Le réalisateur dépeint avec férocité un égoïsme et une solitude liés à l’existence même. « Il n’y a pas de scène gratuitement complaisante dans le film de Ferreri, et la grande originalité de l’auteur est d’avoir maintenu avec ténacité le propos de son œuvre au niveau le plus fondamental, le plus élémentaire et le plus ancien – puisqu’il rappelle l’origine de la vie – celui du sexe. » (Michel Mardore, Cahiers du cinéma n°146, août 1963)
Le Lit conjugal (Una storia moderna – L'Ape Regina)
Italie, France, 1963, 1h35, noir et blanc, format 1.85
Réalisation : Marco Ferreri
Scénario : Rafael Azcona, Marco Ferreri, avec la collaboration de Diego Fabbri, Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa, d’après une pièce de Goffredo Parise
Photo : Ennio Guarnieri
Musique : Teo Usuelli
Montage : Lionello Massobrio
Décors : Massimiliano Capriccioli
Costumes : Luciana Marinucci
Production : Henryk Chroscicki, Alfonso Sansone, Sancro Film, Fair Film, Cocinor, Les Films Marceau
Interprètes : Ugo Tognazzi (Alfonso), Marina Vlady (Regina), Walter Giller (le père Mariano), Linda Sini (la mère supérieure), Riccardo Fellini (Riccardo), Gian Luigi Polidoro (Igi)
Sortie en Italie : 22 avril 1963
Projection au Festival de Cannes : 9 mai 1963
Exclusivité Institut Lumière
Restauration 4K par TF1 Studio à partir des négatifs image et son français et italien, avec le soutien du CNC et de la Cineteca di Bologna. Travaux numériques réalisés par le laboratoire L’Image Retrouvée - Paris en 2019.
Ayant-droit : TF1 Studio
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox