Né en 1933, Lucian Pintilie débute sa carrière d'homme de théâtre, puis de télévision et de cinéma, au milieu des années 1950. La censure gouvernementale intervient sans cesse dans ses activités, et finit par le faire expulser de Roumanie. Scènes de carnaval, son quatrième long métrage, sera ainsi interdit de 1979 à 1991. Après la révolution de 1989, il rentre à Bucarest et se voit nommé directeur de la Société cinématographique du ministère de la Culture.
« Que reste-t-il encore de valide d’une communauté, d’un être humain lorsqu’ils tâchent de s’adapter à l’Apocalypse, en lui conférant le statut de normalité, lorsque l’incontrôlable devient banal, quotidien ? Et de façon générale, à quel moment la gouaille – l’irresponsabilité assumée, l’esprit macabre de l’humour dont nous autres, Roumains, sommes si fiers – cesse d’être un bouclier invulnérable ? » (Lucian Pintilie). Avec Le Chêne, Pintilie fait le portrait de la Roumanie des derniers mois du régime Ceausescu, à travers le voyage initiatique de Nela et Mitica dans un pays hagard. Lorsque la réalité bascule dans l’absurde (la pluie qui emporte le ballast des voies ferrées, les cendres du père dans une boîte de café…), la farce devient bouffonne. Le couple résiste à la bêtise, à la bureaucratie omnipotente, à la lâcheté, et défie le régime avec ses seules armes : l’intelligence, la liberté, l’injure et l’insolence. Ils se moquent de tout. Et de tous.
Posant son regard de créateur sur son propre pays, Lucian Pintilie signe une parabole sur l’agonie d’une culture. « Roumanie année zéro » selon ses mots, zéro comme le néant, et pas encore tout à fait comme la renaissance d’un espoir. « Film coup de poing sur "le grotesque du socialisme roumain", Le Chêne explose de la fulgurance d’une réalité transcendée par la force d’une mise en scène vertigineuse au service de souffrances et de colères restituées par un poète écorché vif. » (Anne Kieffer, Jeune Cinéma n°217, octobre 1992)
Le Chêne (Balanta)
France, Roumanie, 1992, 1h45, couleurs (Fujicolor), format 1.66
Réalisation & scénario : Lucian Pintilie, d’après le roman Balanta d’Ion Baiesu
Photo : Doru Mitran
Montage : Victorita Nae
Décors : Calin Papura
Costumes : Svetlana Mihailescu
Production : Éliane Stutterheim, Sylvain Bursztejn, Lucian Pintilie, Parnasse Production, Scarabée Films, MK2 Productions, La Sept Cinéma
Interprètes : Maia Morgenstern (Nela), Razvan Vasilescu (Mitica), Victor Rebengiuc (le maire), Dorel Visan (le prêtre à la campagne), Mariana Mihut (la femme du prêtre), Dan Condurache (le procureur), Virgil Andriescu (le père de Nela), Leopoldina Balanuta (la mère de Nela), Matei Alexandru (Butusina), Gheorghe Visu (le pope dans le train), Magda Catone (l’assistante de Mitica), Ionel Mihailescu (Titi)
Présentation au Festival de Cannes : mai 1992
Sortie en France : 16 septembre 1992
Présentation au Festival de New-York : 1er octobre 1992
Exclusivité Institut Lumière
Restauration par la Fundation9 et MK2. Le négatif original a été numérisé en 4K au laboratoire Hiventy et restauré image par image en 4K par le laboratoire Digital Cube.
Distribution : MK2
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