Depuis sa création à Broadway en 1947, la comédie musicale Finian's Rainbow a fait l’objet de plusieurs projets d’adaptation. Toujours en vain. Alors quand les studios Warner proposent à Francis Ford Coppola d’être le réalisateur d'une nouvelle adaptation qui verrait réellement le jour, il accepte, même si le budget est réduit. Il connait par cœur ce classique, énorme succès à New York, que lui a fait découvrir Carmine, son père.
Faire un musical en 1967 est déjà anachronique, tant le genre est passé de mode. On peut alors voir dans La Vallée du bonheur un hommage aux classiques du genre, Brigadoon de Vincente Minnelli ou Le Magicien d’Oz de Victor Fleming. Le film est conçu comme un grand spectacle avec ouverture, entracte et finale musicaux. S'il est majoritairement filmé en extérieurs, certaines scènes de studio sont d'une beauté extraordinaire. La fable, mélangeant tout, de la légende celtique au mythe américain, de la pop de Petula Clark au classicisme élégant de Fred Astaire, est nostalgique, presque naïve. Réduits aux dimensions d’une petite communauté rurale, les luttes et enjeux sont les mêmes que sur le reste du sol américain : la liberté, la poursuite d'un rêve, la quête d’une terre d’abondance. L’apport du jeune cinéaste – il n’a pas encore 30 ans – se situe dans le traitement de la question des droits civiques et de l’égalité raciale : il modernise le livret d’origine en y incluant un sit-in.
Si le film ne convainc pas totalement, on salue la prestation de Fred Astaire. Absent des écrans depuis six ans (L'Inquiétante Dame en noir, Richard Quine), il revient, vieilli, esquissant quelques entrechats particulièrement émouvants – on ne l'avait pas vu danser depuis La Belle de Moscou (Ruben Mamoulian, 1957). On accompagne du regard sa silhouette toujours élancée, partant à la recherche de Glocca Mora, nouvelle Terre promise. « Il y a surtout Fred Astaire qui coiffe tout le monde et finit par constituer la grande raison d’être du film. Fred Astaire qui, acteur plus complet que jamais, nous offre ici un bilan de sa carrière. Dans la mesure où son âge l’oblige à économiser un peu sur les moyens (sans qu’on constate pour autant le moindre fléchissement sur le résultat), on a une bonne occasion de découvrir ou de vérifier que le talent d’Astaire tint toujours à cela justement : une économie des moyens qui lui permettait de toujours obtenir le rendement maximum en réduisant à l’essentiel les éléments mis en jeu. Astaire est le seul qui, vieillissant et nous faisant ses adieux, puisse encore se payer le luxe d’être meilleur que jamais. » (Michel Delahaye, Cahiers du cinéma n°215, septembre 1969)
La Vallée du bonheur (Finian's Rainbow)
États-Unis, 1968, 2h21, couleurs (Technicolor), format 2.35
Réalisation: Francis Ford Coppola
Scénario : E.Y. Harburg, Fred Saidy, d’après leur comédie musicale Finian's Rainbow
Photo : Philip Lathrop
Musique : Ray Heindorf
Montage : Melvin Shapiro
Décors : Hilyard Brown
Costumes : Dorothy Jeakins
Production : Joseph Landon, Warner Brothers/Seven Arts
Interprètes : Fred Astaire (Finian McLonergan), Petula Clark (Sharon McLonergan), Tommy Steele (Og, le leprechaun), Don Francks (Woody Mahoney), Keenan Wynn (le sénateur Billboard Rawkins), Barbara Hancock (Susan, la muette), Al Freeman Jr. (Howard), Ronald Colby (Buzz Collins), Dolph Sweet (le shérif), Wright King (l’avocat), Louis Silas (Henry)
Sortie aux États-Unis : 9 octobre 1968
Distribution : Warner Bros
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