L’oeuvre géante d’Abel Gance, reconstituée et restaurée, sera projetée dans les conditions de l’époque. Elle sera accompagnée de la partition originale, les plus belles musiques des années 1920, interprétée par l’Orchestre national de Lyon, dirigé par Frank Strobel.
C’est un événement considérable : le festival Lumière 2019 vous propose de découvrir en avant-première internationale le film mythique d’Abel Gance La Roue, l’une des premières grandes légendes de l’histoire du cinéma.
Cette ambitieuse fresque lyrique, tragédie pénétrant les tréfonds de l’âme, sera projetée en deux parties, et accompagnée par l’Orchestre national de Lyon, dans la belle salle de l’Auditorium qui sera un écrin parfait pour ce trésor du cinéma muet.
Film essentiel du patrimoine cinématographique reconstitué et restauré par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, en partenariat avec la Cinemathèque française et la Cinémathèque Suisse, à partir du négatif, de nombreuses copies et du scénario original d’Abel Gance, la projection de La Roue sera pensée comme une expérience unique. Elle recréera un spectacle cinématographique proche de celui auquel ont assisté les spectateurs du Gaumont-Palace en 1923.
Événement majeur pour l’histoire du cinéma, projet français et européen, l’avant-première internationale de la copie reconstituée et restaurée se fera de façon conjointe à Lyon au festival Lumière et à Berlin au Konzerthaus.
Saluée par ses contemporains qui en reconnaissent d’emblée la modernité et le lyrisme, ce chef-d’oeuvre composé d’un prologue et de quatre parties, saga familiale et passionnelle, s’impose comme une tragédie moderne inspirée du mythe de Sisyphe. Son style et son ampleur est un modèle pour le cinéma d’avant-garde des années 1920. En 1923, en amont de sa sortie nationale, Romain Kalbris écrivait dans Cinémagazine : ≪ Je crois que le vrai public, la foule, lui fera le seul accueil qu’il mérite : triomphal. ≫ Le film est depuis entré dans la légende.
Un train vient de dérailler. Sisif (Séverin-Mars), un chef-mécanicien, découvre dans les débris une fillette qui lui tend les bras. Il décide de ramener la jeune orpheline chez lui. Les années passent. Sisif a adopté la petite Norma ; Elie, son fils (Gabriel de Gravone) et celle-ci (Ivy Close) grandissent comme frère et sœur. Mais Sisif s’assombrit, devient brutal, et souffre de voir les prétendants rôder autour de Norma…
« Faire marcher les catastrophes des sentiments et celles des machines de pair, aussi grandes, aussi élevées comme signification les unes que les autres ; montrer l’ubiquité de tout ce qui bat d’un cœur et d’un tiroir à vapeur. […] La matière est vivante, dit ma métaphysique, depuis que j’ai l’âge de raison. La preuve lyrique est à faire. (Abel Gance, Prisme, Gallimard). Cette preuve lyrique, Gance – tout juste 30 ans et déjà auréolé du succès de J’accuse – compte bien la donner avec un film inspiré du roman Le Rail de Pierre Hamp. Initialement intitulé La Rose du rail, le film devient La Roue. La Roue, comme celle de la Fatalité, qui touche ici Sisif.
Après seize mois de tournage et 200 000 mètres de pellicule impressionnée, le cinéaste livre à Pathé 11 000 mètres de film (le contrat en prévoyait au maximum 2 100) et une fresque contemporaine démesurée, teintée de tragédie grecque, inspirée des mythes d’Œdipe et de Sisyphe : Gance plonge le spectateur dans les méandres de l’âme humaine.
Cocteau disait qu’il y avait « le cinéma d’avant La Roue et celui d’après La Roue ».Tout est novateur : les personnages ne sont plus les seuls qui importent ; les objets, les images, le rythme, les plans amènent l’histoire vers la poésie visuelle. Le montage est inventif, la narration intense, les mouvements d’appareils précurseurs. C’est de l’écriture par l’image.
La première version de La Roue, présentée en séance privée en décembre 1922, durait huit heures et donna lieu à une véritable "bataille d'Hernani", entre admirateurs fanatiques et opposants forcenés. Le temps mutilera largement l'œuvre, maintes fois remaniée par Gance lui-même. La restauration, due à la Fondation Seydoux-Pathé, est exceptionnelle. Menée à partir du négatif du film, du scénario original d’Abel Gance, ainsi que de la liste musicale conçue par Arthur Honegger et Paul Fosse pour l’accompagnement des projections, elle redonne à La Roue son ampleur d’origine. Et recrée un spectacle proche de celui auquel ont assisté les spectateurs du Gaumont-Palace à partir de février 1923 – à la différence que le film était alors projeté en quatre époques d'une heure trente chacune.
« Les spectateurs les plus attentifs à l’évolution du cinéma ne peuvent être insensibles à ce que cette œuvre incomparable – si ce n’est aux chefs d’œuvre de Griffith dont Gance a été incontestablement impressionné – comporte de grandeur, de poésie et de force visionnaire : il ne leur échappe pas davantage que ce film, “où l’on trouve à peu près tout ce que le cinéma muet put acquérir pour devenir un art propre”, pourra écrire Pierre Leprohon, est un point de non-retour qui donne définitivement un sens au rêve d’un langage nouveau, capable d’inventer son propre univers. » (Pierre L’Herminier, Annales du cinéma français, Les voies du silence, 1895-1929, Nouveau Monde)
Un événement musical :
Pour reconstituer ce qu’a pu être le montage d’origine de la version de 1923, la restauration de La Roue adopte une démarche novatrice et originale : elle s’appuie sur la liste musicale établie pour la sortie du film, qui a eu lieu le 16 février 1923 au Gaumont-Palace à Paris, alors l’une des plus grandes salles du monde. Arthur Honegger avait alors créé, avec Paul Fosse, le chef d’orchestre du Gaumont-Palace, une adaptation musicale de 117 séquences tirées de 86 oeuvres préexistantes.
Honegger et Fosse ont utilisé des musiques préexistantes pour des raisons pragmatiques, mais leur choix musical a été fait selon des critères artistiques très précis et exigeants. Ils s’orientent vers les compositeurs de l’époque Moderne française (Florent Schmitt, Guy Ropartz, Albéric Magnard, Paul Dukas, Albert Roussel) et à certaines des dernières compositions de Debussy, ainsi qu’à la « Cinéma-Fantaisie » de Darius Milhaud (1919). La partition de La Roue devient alors une pièce maîtresse. Sa reconstitution dans la salle de l’Auditorium par l’Orchestre national de Lyon pour le festival Lumière sera un véritable événement.
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé oeuvre à la conservation et à la mise à disposition du public du patrimoine historique de Pathé. Regroupant l’ensemble des collections non-film de Pathé depuis sa création en 1896, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé est un centre de recherche destiné aux historiens, aux enseignants et aux étudiants, ainsi qu’à tous ceux qu’intéresse le cinéma. Par son activité, elle oeuvre à la promotion de l’histoire du cinéma à travers l’histoire de Pathé. L’exceptionnel fonds d’archives de la Fondation, régulièrement enrichi par de nouvelles acquisitions, regroupe plusieurs collections. Elles comprennent un riche ensemble de matériel iconographique et publicitaire, des documents imprimés, des appareils et des accessoires cinématographiques, des objets, une bibliothèque d’ouvrages et de périodiques, ainsi que les archives administratives et juridique de Pathé depuis sa création. À ce jour, le catalogue Pathé se compose de plus de 10 000 films dont 9 000 films muets.
La Roue
France, 1923, 6h53, noir et blanc, format 1.33
Réalisation & scénario : Abel Gance
Assistant réalisation : Blaise Cendrars
Photo : Léonce-Henri Burel, Marc Bujard, Maurice Duverger
Musique : Arthur Honegger
Montage : Abel Gance, Marguerite Beaugé
Production : Pathé Consortium Cinéma, Société des Films Abel Gance
Interprètes : Séverin-Mars (Sisif), Ivy Close (Norma), Gabriel de Gravone (Elie), Pierre Magnier (Jacques de Hersan), Georges Térof (Machefer), Gil Clary (Dalilah)
Présentation : 14, 21 et 28 décembre 1922
Sortie en France : 17 février 1923
Restauration par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, en partenariat avec la Cinémathèque française et la Cinémathèque suisse, à partir du négatif, de nombreuses copies et du scénario original d'Abel Gance.
Distribution : Pathé
Une restauration rendue possible grâce à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé en partenariat avec la Cinémathèque française et à la Cinémathèque suisse avec le soutien du CNC. Reconstruction du film : François Ede. Reconstruction musicale : Bernd Thewes. Un événement soutenu par Arte et la ZDF.
En co-production avec l’Auditorium de Lyon.
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