Né en 1909, André Cayatte eut plusieurs vies avant de devenir cinéaste. Celle de poète et écrivain tout d’abord, fréquentant René Char, Pierre Mac Orlan, Philippe Soupault, le courant surréaliste... Après des études de lettres, il s’oriente vers le droit et devient avocat. Passionné par l’affaire Seznec, il s’insurge contre une machine judiciaire implacable. Convaincu par ce qu’il appellera « la contagion de la bonne foi », il se lance alors dans le journalisme, et enquête sur la guerre civile espagnole, en 1936. Deux ans plus tard, il entre dans le cinéma par l'écriture et devient scénariste-dialoguiste pour Marc Allégret, Jean Grémillon, Georges Lacombe…
En 1939, il est mobilisé sur la ligne Maginot. Fait prisonnier, il réussit à s’évader, mais se retrouve sans emploi ni papiers d’identité. Le hasard lui fait rencontrer André Chemel, directeur de production au sein de la toute nouvelle société Continental Films. Créée par un producteur allemand, Alfred Greven, ami de Göring et mandaté par Goebbels, la société bénéficie des seuls capitaux allemands. Chemel propose à Cayatte de l’embaucher en tant que scénariste et de régler ses problèmes de papiers. Celui-ci hésite longuement : il n’a pas le profil, lui qui, ardent patriote, publiait avant-guerre des ouvrages contre l’Allemagne et défendait l'intervention française en Espagne. Il finit par accepter comme d’autres cinéastes de renom (Christian-Jaque, Georges Lacombe, Maurice Tourneur…) et entre à la Continental en janvier 1941.
Après avoir travaillé à l’écriture de plusieurs scénarios, il passe à la réalisation en mai 1942 avec une adaptation très libre (il ne reste quasiment rien du roman) de La Fausse Maîtresse de Balzac. Le film, gai et léger, traite d’un imbroglio amoureux : pour éviter à Hélène, l’épouse de son ami Guy qui la délaisse, d’avoir à expliquer pourquoi elle se trouvait chez lui, René s’invente une maîtresse, Lilian, la belle acrobate. Et quand ce couple imaginaire se dispute, Guy s’occupe de les réconcilier. Voyant René très présent auprès de Lilian, Hélène s’imagine trompée… Belle démonstration de marivaudage ou comment la fausse maîtresse devient la vraie fiancée.
Succès populaire, La Fausse Maîtresse est une première réalisation très honorable, saluée par la critique, qui, n’ayant d’yeux que pour Danielle Darrieux,souligne sa prestation : « Le metteur en scène s’est montré habile homme et a donné à son film un mouvement qui lui assure un intérêt constant. […] Danielle Darrieux dote le film, et principalement le personnage de Lilian – a-t-on pensé à Lilian Leitzel, la célèbre trapéziste ? – de son esprit malicieux, primesautier et charmant. Elle est adorable une fois de plus et on la retrouve telle qu’on espère la retrouver. » (Didier Daix, Ciné-mondial n°53, 28 août 1942)
La Fausse Maîtresse
France, 1942, 1h25, noir et blanc, format 1.37
Réalisation & scénario : André Cayatte, d’après le roman éponymed’Honoré de Balzac
Dialogues : Michel Duran
Photo : Robert Lefebvre
Musique : Maurice Yvain
Décors : André Andrejew
Production : Continental Films
Interprètes : Danielle Darrieux (Lilian), Bernard Lancret (René), Jacques Dumesnil (Guy), Lise Delamare (Hélène), André Alerme (Rander), Monique Joyce (Laetitia), Guillaume de Sax (Esquirol), Michel Duran (Mazios), Charles Blavette (Casimir), Maurice Baquet (Firmin), Marcel Maupi (Bellemain),
Sortie en France : 4 août 1942
Restauration spécialement pour le festival par Gaumont au laboratoire Eclair, scan 4K, restauration 2K, avec la participation du CNC.
Distribution : Gaumont
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