Pour son troisième long métrage, Juraj Herz travaille pendant près de deux ans, avec l’auteur Ladislav Fuks, à l’adaptation de son roman L’Incinérateur de cadavres. Commencé durant le Printemps de Prague, le tournage se complique et s’achève au moment où les armées du Pacte de Varsovie ont envahi la Tchécoslovaquie. Mettant en scène un personnage devenu un outil consentant de la force occupante, le film devient alors un miroir de l’actualité : « L’Incinérateur de cadavres est un film sur la collaboration, tourné à une époque où, en Tchécoslovaquie, on pouvait assister à un renouveau de collaboration. » (Juraj Herz)
Oscillant entre humour noir et horreur, le film est volontairement excessif. Le réalisateur dresse un portrait extrême d’un Monsieur-tout-le-monde et montre comment un citoyen exemplaire peut verser dans le totalitarisme en acceptant sans discuter tout nouvel ordre qui lui parvient. « Chez Fuks, le macabre devient réalité sanglante et se situe dans le domaine de l’horreur psychologique hitchcockienne. » (Heinrich Böll)
Censuré pendant près de vingt ans (dans son pays et dans les pays voisins), à l’instar de films comme Les Diamants de la nuit de Jan Nemec, Les Petites Marguerites de Vera Chytilova ou Au feu les pompiers de Milos Forman, le film atteignait une vérité historique que les autorités ont souhaité étouffer, en voulant donner l’illusion que la Tchécoslovaquie avait résisté à l’occupant. Rappelons l’épigraphe du roman de Fuks : « Le diable est le plus malin quand il dit lui-même qu’il n’existe pas…"
« Banalisé, le triomphe du nazisme paraît presque inscrit dans le mode de vie petit-bourgeois d’un pays dont les allures paisibles semblent appeler les plus grands traumatismes. Le calme se confond avec la tempête. Lorsqu’il est enfin identifié, le basculement a déjà eu lieu. » (Éric Derobert, Positif n°352, juin 1990)
L'Incinérateur de cadavres (Spalovac mrtvol)
Tchécoslovaquie, 1968, 1h36, noir et blanc, format 1.66
Réalisation : Juraj Herz
Scénario : Juraj Herz, Ladislav Fuks, d’après son roman éponyme
Photo : Stanislav Milota
Musique : Zdenek Liska
Montage : Jaromír Janácek
Décors : Zbynek Hloch
Costumes : Olga Dimitrovová
Production : Ladislav Harus, Filmové studio Barrandov, Sebor
Interprètes : Rudolf Hrusinsky (Kopfringl), Vlasta Chramostova (Lakmé / Dagmar), Jana Stehnova (Zina), Milos Vognic (Mili), Zora Bozinova (Reinkeova), Ilja Prachar (Walter Reinke), Eduard Kohout (Bettleheim), Jiri Menzel (Dvorak)
Sortie en Tchécoslovaquie : 14 mars 1969
Sortie en France : 21 juillet 1971
A sa sortie le film était interdit au moins de 12 ans
Exclusivité Institut Lumière
Restauration 4K à partir du négatif original et de l’interpositif conservés aux Archives cinématographiques nationales de Prague menée par le Festival International de Karlovy Vary en collaboration avec Les Archives nationales de Prague et le Czech Film Fund. La version sous-titrée français et le DCP 4K ont été réalisés par Titra Film pour Malavida.
Distribution : Malavida Ressortie en salles le 20 novembre 2019.
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