Deuxième réalisation d’Alan J. Pakula, Klute inaugure ce qui va devenir, avec À cause d’un assassinat en 1974 et Les Hommes du président en 1976, sa trilogie du complot. La particularité de Klute est d’appliquer le thème à la sphère intime et non politique.
Si Klute est le portrait de Bree Daniels, call-girl indépendante, traquée par un sadique, il est aussi celui, en creux, de sa relation avec Klute, entre attraction et répulsion. Campé par un Donald Sutherland quasi mutique, John Klute, figure étrange, observe cette femme complexe, à la fois forte et fragile et assiste à son évolution, à sa prise de conscience.
Pakula s’approprie le film noir classique (la figure de l’inspecteur et de la femme en danger), en le transposant à l'époque contemporaine. Mélangeant les styles (les scènes quasi documentaires de Bree chez sa psychanalyste sont bouleversantes), le cinéaste dépeint un milieu et livre une étude de mœurs.
Filmé entre chien et loup, Klute est un film troublant. New York y apparaît sale, dangereuse. L’oppression est palpable, les enregistrements des conversations de Bree avec ses clients, anxiogènes. John Klute, espionnant celle-ci, s’installant dans son immeuble, enregistrant ses conversations, la suivant partout, participe aussi de cette paranoïa. Avec une mise en scène stylisée et des plans tout en longueur, Pakula installe une inoubliable ambiance poisseuse.
« Klute est plus que jamais le document qui saisit les palpitations, les névroses et les balbutiements d’une époque en mutation. Il est aussi la preuve de l’incommensurable richesse du film de genre quand l’intuition d’un cinéaste le met en synchronisme avec son temps. Il est, enfin, un film qui a su s’insinuer au plus profond de nos inconscients. Ceux qui l’ont vu et aimé ne s’en remettent pas : gageons qu’il en sera de même pour ceux qui le découvrent maintenant. » (Christian Viviani, Positif n°538, décembre 2005)
Klute
États-Unis, 1971, 1h54, couleurs (Technicolor), format 2.39
Réalisation : Alan J. Pakula
Scénario : Andy Lewis, Dave Lewis
Photo : Gordon Willis
Musique : Michael Small
Montage : Carl Lerner
Décors : George Jenkins, John Mortensen
Costumes : Ann Roth
Production : Alan J. Pakula, David Lange, Warner Bros., Gus Productions
Interprètes : Jane Fonda (Bree Daniel), Donald Sutherland (John Klute), Charles Cioffi (Peter Cable), Roy Scheider (Frank Ligourin), Dorothy Tristan (Arlyn Page), Rita Gam (Trina), Nathan George (le lieutenant Trask), Vivian Nathan (la psychanalyste), Morris Strassberg (Mr. Goldfarb), Barry Snider (Berger), Betty Murray (Holly Gruneman), Jane White (Janie Dale), Shirley Stoler (Momma Rose), Robert Milli (Tom Gruneman), Jean Stapleton (la secrétaire de Goldfarb), Jan Fielding (la secrétaire de la psychanalyste)
Sortie aux États-Unis : 25 juin 1971
Sortie en France : 12 janvier 1972
Distribution : Warner
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