Acteur chez Murnau, Paul Leni, Karl Grune, Richard Oswald, puis réalisateur à partir de 1923, Wilhelm Dieterle tourne une dizaine de films en Allemagne (dont le remarquable Chaînes, 1928), avant de venir à Hollywood, où il rejoint ses compatriotes cinéastes Lubitsch, Murnau, Leni et Max Reinhardt. Engagé par la Warner, il devient William et signe son premier long métrage américain, Le Dernier Vol (1931), très beau film sur les aviateurs US restés à Paris après la fin de la Grande Guerre. Il ne retourne pas en Allemagne et enchaîne les tournages sans discontinuer – dix-sept titres entre 1932 et 1934.
L’intrigue de Jewel Robbery qui se déroule dans la haute société, mêle cambriolage et séduction. Le film, variation sur un thème érotico-social, est une brillante comédie cynique qui met en scène une mondaine lassée de sa vie frivole, dont la rencontre imprévue avec un voleur séduisant va faire basculer l'existence. C'est une préfiguration de Haute pègre, que Lubitsch tournera la même année, et qui portera à son sommet la thématique similaire de la grande bourgeoise amoureuse d'un escroc de haut vol.
La fascination d'une femme honnête pour un malfrat est d'ailleurs une situation classique. Elle est ici transfigurée par l'éclat du couple formé par William Powell et Kay Francis, chacun éblouissant, lui par son élégance et sa faconde, elle par sa beauté et l'intelligence de son jeu. Réunis l'année précédente dans Ladies' Man (Lothar Mendes), ils interprèteront, immédiatement après Jewel Robbery, les amants malheureux de Voyage sans retour de Tay Garnett, un des plus beaux films de l'histoire du cinéma américain.
Le style vif de William Dieterle, le rythme de sa mise en scène – le dialogue du film est un des plus étourdissants du moment - s’inscrivent parfaitement dans ce qui caractérise le pré-Code : une dimension amorale assumée, une femme puissante et adultère, l’apologie des hors-la-loi et un humour incisif. « Jewel Robbery est une fringante comédie d’avant les codes, où les girls pratiquent l’art de la grande vie aux crochets des vieux riches, et où le gentleman-cambrioleur dandy se voit volé par une volée-voleuse. » (Andrée Tournès, Jeune Cinéma n°279, décembre 2002).
Jewel Robbery
Etats-Unis, 1932, 1h13, noir et blanc, format 1.37
Réalisation : William Dieterle
Scénario : Erwin Gelsey, d’après la pièce Ekszerrablás a Váci-uccában de Lázló Fodor
Photo : Robert Kurrle
Direction artistique : Robert Haas
Musique : Bernhard Kaun (non créd.)
Montage : Ralph Dawson
Costumes : Orry-Kelly (non créd.)
Production : Warner Bros.
Interprètes : William Powell (le cambrioleur), Kay Francis (la baronne Teri von Horhenfels), Helen Vinson (Marianne), Hardie Albright (Paul), Alan Mowbray (le détective Fritz), André Luguet (le comte André), Henry Kolker (le baron Franz), Spencer Charters (Lenz), Lee Kohlmar (Hollander)
Sortie aux Etats-Unis : 13 août 1932
Rétrospective composée de films inédits sur grand écran depuis leur sortie en salles. Pour la première fois en copies digital cinéma, masterisées à partir des restaurations HD réalisées pour la sortie DVD des Trésors de la Warner, fabriqués spécialement pour le festival.
Distribution : Warner Bros.
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