« Quand les plus grands renoncent au bien, ils deviennent les démons les plus redoutables. Avant sa chute, Satan était le meilleur des anges… Je souhaite que, derrière l’histoire, les gens découvrent la tradition historique et littéraire, qu’ils réalisent que le mythe a un aspect terriblement humain : le vampire a perdu son âme – c’est quelque chose qui peut arriver à chacun d’entre nous. » (Francis Ford Coppola). Lorsque Coppola décide de réaliser le scénario de James V. Hart que lui a proposé Winona Ryder, il veut rendre justice à ce personnage maintes fois porté à l’écran. Auteur caméléon se fondant à chaque fois dans un genre nouveau, il se plonge dans le roman de Bram Stocker qu’il veut adapter fidèlement (son titre original est significatif : Bram Stocker’s Dracula) et dans ses multiples adaptations, ainsi que dans l’art gothique et dans la vie artistique de la fin du XIXe siècle. Son Dracula constitue une sorte d’anthologie du cinéma fantastique de F.W. Murnau à Werner Herzog, de Tod Browning à la Hammer Films, accumulant les images du mythe pour en créer une nouvelle.
Avec le succès du Parrain III, les années 90 s’annonçaient à l’opposé de la décennie précédente : le triomphe de Dracula le confirme. Coppola signe un film opératique, démesuré, lyrique, romanesque, érotique. Cette histoire d’amour fou est une succession de tableaux où les costumes et décors, inspirés d’un répertoire fin-de-siècle (telle la robe-linceul qui pourrait être signée Klimt), flamboient comme un livre superbement illustré. Les costumes (œuvre de la designer Eiko Ishioka) ont été conçus comme des « éléments du décor portés par les comédiens ».
Comme un hommage au cinéma des premiers temps, contemporain de la publication en 1897 du Dracula de Stocker, Coppola et son fils Roman, responsable des effets visuels, mettent de côté le fameux « cinéma électronique » pour revenir aux trucages magiques à la Méliès. Caméra renversée, rétroprojection, effets de miroir : autant de trucs vieux comme le cinéma pour insuffler au film un malaise efficace.
Finalement, en s’emparant d’un mythe rebattu, Francis Ford Coppola impose sa patte et un de ses motifs récurrents : le temps qui passe. « Le Dracula de Coppola est le plus beau des personnages du genre, car il porte la notion du temps qui n’était pas vraiment abordée et traitée dans les autres films. Si l’on ne peut mourir, il faut continuer à être un non-mort, un existant sans vie, puni par un temps qui n’existe pas. C’est le sujet profond du film : l’amour total rend éternel.» (Jean Douchet, in Francis Ford Coppola, Capricci).
Dracula (Bram Stocker’s Dracula)
États-Unis, 1992, 2h08, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation :Francis Ford Coppola
Scénario : James V. Hart, d’après le roman de Bram Stocker
Photo : Michael Ballhaus
Effets visuels (et réalisation seconde équipe) : Roman Coppola
Musique : Wojciech Kilar
Montage : Nicholas C. Smith, Glen Scantlebury, Anne Goursaud
Superviseur artistique : Thomas E. Sanders
Décors : Andrew Precht
Costumes : Eiko Ishioka
Maquillage & coiffure : Michele Burke
Production : Francis Ford Coppola, Fred Fuchs, Charles Mulvehill, James V. Hart, John Veitch, American Zoetrope, Osiris Films
Interprètes : Gary Oldman (Dracula), Winona Ryder (Mina Murray/Elisabeta), Anthony Hopkins (professeur Abraham Van Helsing), Keanu Reeves (Jonathan Harker), Richard E. Grant (Dr. Jack Seward), Cary Elwes (lord Arthur Holmwood), Bill Campbell (Quincey P. Morris), Sadie Frost (Lucy Westenra), Tom Waits (R. M. Renfield), Monica Bellucci, Michaela Bercu, Florina Kendrick (les compagnes de Dracula)
Sortie aux États-Unis : 13 novembre 1992
Sortie en France : 13 janvier 1993
A sa sortie le film était interdit au moins de 12 ans
DCP 4K inédit, fabriqué spécialement pour le festival par Park Circus.
Distribution : Park Circus
Ce site nécessite l'utilisation d'un navigateur internet plus récent. Merci de mettre à jour votre navigateur Internet Explorer vers une version plus récente ou de télécharger Mozilla Firefox. :
http://www.mozilla.org/fr/firefox