Des gens comme les autres marque le passage à la réalisation de l’acteur vedette Robert Redford. Il entre ici discrètement dans le cercle des cinéastes, en choisissant de ne pas se mettre en scène. Pour son premier long métrage, Redford décide de porter à l’écran l’ouvrage de Judith Guest : « J’ai été intrigué par ce livre, par la manière de décrire cette famille comme si l’on s’était glissé chez eux par le vasistas, en quelque sorte… C’était le premier livre qui m’intéressait autant depuis longtemps. » (Robert Redford).
Des gens comme les autres filme de façon subtile la dislocation d’une famille de la upper middle class américaine, suite à la mort accidentelle de l’aîné des enfants. Sous des faux-semblants, chacun dissimule une douleur intense. Conrad, le fils cadet, rappelle par sa seule présence celui qui n’est plus. Rongé par la culpabilité, et après une tentative de suicide, il entame une psychothérapie. Ce cheminement intérieur sera le fil conducteur de la narration. Si le père fait tout pour reconstruire sa famille, la mère, mutique, s’enferme dans sa douleur. Sa seule obsession : sauver les apparences.
Le réalisateur ne cherche pas les coups d’éclat. La douleur est sourde, la sensiblerie absente. « Robert Redford porte un intense regard sur ses personnages et parvient peu à peu à en pénétrer les appartements les plus secrets. » (Didier Goldschmidt, Cinématographe n°67, mai 1981). Le film, récompensé par quatre Oscars, laisse déjà voir les qualités de direction d’acteurs du néocinéaste.
« Les Américains ont l’art d’appeler un chat un chat, de ne pas y aller par quatre chemins pour confectionner un scénario. Celui-ci ne fait pas exception, il permet au réalisateur, comme c’est le cas avec des histoires fortement structurées et symboliques, de se concentrer sur le détail, de faire un travail de peintre, d’aquarelliste du sentiment. […] Véritablement les acteurs se défoncent. Donald Sutherland joue le père : il passe de la mollesse gentille à une inquiétude grandissante, physique, une angoisse à couper les jambes. Il est presque rétréci, tassé, utilisant son charisme de comédien de manière purement négative, rentrée. » (Louis Skorecki, Cahiers du cinéma n°322, avril 1981)
Des gens comme les autres (Ordinary People)
États-Unis, 1980, 2h04, couleurs (Technicolor), format 1.85
Réalisation : Robert Redford
Scénario : Alvin Sargent, d’après le roman Ordinary People de Judith Guest
Photo : John Bailey
Musique : Marvin Hamlisch
Montage : Jeff Kanew
Décors :Jerry Wunderlich, William Fosser
Costumes: Bernie Pollack
Production : Ronald L. Schwary, Wildwood Enterprises
Interprètes : Donald Sutherland (Calvin Jarrett), Mary Tyler Moore (Beth Jarrett), Judd Hirsch (le docteur Berger), Timothy Hutton (Conrad Jarrett), M. Emmet Walsh (l'entraîneur de natation), Elizabeth McGovern (Jeannine Pratt), Dinah Manoff (Karen), Fredric Lehne (Lazenby), James B. Sikking (Ray), Basil Hoffman (Sloan), Quinn Redeker (Ward, le frère de Beth), Mariclare Costello (Audrey, la femme de Ward), Meg Mundy (la grand-mère de Conrad), Elizabeth Hubbard (Ruth), Adam Baldwin (Stillman), Richard Whiting (le grand-père de Conrad)
Sortie aux États-Unis : 19 septembre 1980
Sortie en France : 11 mars 1981
Exclusivité Institut Lumière
Restauration numérique, matériel fabriqué spécialement pour le festival.
Distribution : Park Circus
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