Coup de cœur est un symbole dans la carrière de Francis Ford Coppola. Au tournant des années 80, il décide de racheter Hollywood General Studios à Los Angeles pour entamer la seconde ère de son studio Zoetrope. Le cinéaste reprend sa casquette d’entrepreneur : il veut un studio qui rassemblerait une communauté de réalisateurs, américains, et européens, bannis car pas assez commerciaux, mais également des techniciens. Il veut aussi investir dans les nouvelles technologies et surtout que Zoetrope suive les films, de leur conception à leur sortie en salles. En résumé : tout maîtriser.
Coup de cœur est le premier film produit par cette nouvelle "usine" du cinéma. Coppola expérimente ce qu’il appellera « le cinéma électronique » : il veut réunir préproduction, production et postproduction. Il révolutionne ses méthodes de travail grâce à un système de prévisualisation vidéo qui lui permet de corriger, de réécrire le film, quasiment en temps réel. Le cinéaste n’est d’ailleurs plus présent sur le plateau, mais interagit depuis son van argenté, le Silverfish.
Coppola reconstruit Las Vegas dans ses studios. Le budget initial passe de deux millions de dollars à vingt-sept… La folie des grandeurs ne sera pas payante : le film est un échec commercial et le cinéaste mettra plus de dix ans à rembourser ses dettes, un gouffre qui l’obligera désormais à tourner des films moins personnels. À cette époque-là, Cimino et Scorsese essuient également de sérieux déboires (La Porte du Paradis, La Valse des pantins) ; le Nouvel Hollywood devra changer de cap pour la prochaine décennie.
Si la genèse de Coup de cœur participe désormais du mythe Coppola, que reste-t-il du film ? Il raconte une histoire de couple, ni ensemble, ni séparé, une histoire légère, toujours mélancolique. Une sorte de version indépendante des comédies musicales à succès du vieil Hollywood. Entre théâtre et show télévisé, à l’image d’un Las Vegas où réel et imaginaire s’entremêlent, le traitement de Coup de cœur est particulièrement audacieux. Le film est un objet, une rêverie mentale ultra stylisée, bercée par Tom Waits, dont les couleurs et les lumières, hommage à la culture américaine, sont photographiées par l’un des plus grands opérateurs, Vittorio Storaro (L'Oiseau au plumage de cristal, Le Conformiste, Apocalypse Now, Reds…).
« One from the Heart possède la fluidité d’un fleuve d’eau de la vie, resplendissant comme un cristal. C’est une comédie musicale où la danse n’est plus chorégraphiée, réglée au millimètre près. Ici, c’est la lumière qui danse, les néons qui bougent, les images qui s’animent, s’agitent, se fondent les unes dans les autres jusqu’à ce que le rideau tombe. » (Iannis Katsahnias, Francis Ford Coppola, Cahiers du cinéma)
Coup de coeur (One from the Heart)
États-Unis, 1981, 1h47, couleurs (Technicolor), format 1.37
Réalisation :Francis Ford Coppola
Scénario : Francis Ford Coppola, Armyan Bernstein, d’après une histoire d’Armyan Bernstein
Photo : Vittorio Storaro, Ronald V. García
Effets spéciaux visuels : Robert Swarthe
Musique : Tom Waits
Montage : Anne Goursaud, Rudi Fehr, Randy Roberts
Décors : Dean Tavoularis
Costumes : Ruth Morley
Production : Gray Frederickson, Fred Roos, Armyan Bernstein, Zoetrope Studios
Interprètes : Frederic Forrest (Hank), Teri Garr (Frannie), Raul Julia (Ray), Nastassja Kinski (Leila), Lainie Kazan (Maggie), Harry Dean Stanton (Moe), Allen Garfield (le propriétaire du restaurant), Jeff Hamlin (l’agent Airline), Italia et Carmine Coppola (le couple dans l’ascenseur)
Sortie aux États-Unis : 11 février 1982
Sortie en France : 29 septembre 1982
Distribution : Pathé
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