« Il y a une chose dont je suis certain, c’est que ce film, je ne l’ai pas fait avec l’intellect, mais à force d’instinct et d’intuition. Je n’y ai pas mis non plus mon cœur, mais mes boyaux et un morceau de foie. Je crois que nous avons chacun donné un bout de notre vie pour ce projet, il y a toujours eu sur le plateau une étrange communion, un silence qui cultivait bien des sentiments contradictoires et qui a donné comme résultat des émotions assourdissantes. Pas d’inspiration mais de la transpiration, ni pitié, ni compassion, ni concession, les choses telles qu’elles sont, pas comme nous voulons les voir. »
Premier long métrage d’Alejandro González Iñárritu, qui jusque-là travaillait à la radio et à la télévision, Amours chiennes est un film-choc, qui connut un succès retentissant dans son pays, le Mexique. Sur une construction rigoureuse et ambitieuse, avec une rage et une tension permanentes, le jeune cinéaste filme la mosaïque sociale qu’est Mexico, à ses yeux « ville de chaos, de violence et de corruption ». Il adapte son ton, son rythme, à chaque milieu social : brutal et rageur pour les quartiers pauvres où évolue Octavio (fabuleux Gael García Bernal, ici révélé au grand public), étouffant pour l’environnement sécurisé et luxueux de Valeria et Daniel, mélancolique pour El Chivo, désormais à l’heure du bilan.
Dans cette narration dense (où la première histoire, celle d’Octavio, a la durée d'un long métrage classique), Iñárritu exprime la douloureuse expérience d’êtres vivants à la recherche de la rédemption. La violence et le désir sont des pulsions animales, et les chiens sont révélateurs de l’(in)humanité générale.
« À la manière de Kieslowski, le cinéaste organise son récit avec une intelligence diabolique et choisit une mise en scène en parfaite adéquation avec son propos. […] Un film remarquablement abouti, chargé d’une émotion intense, réflexion sur la vulnérabilité de l’expérience humaine. Et puis en filigrane, le chaos cru, violent, de la ville la plus peuplée du monde ne cesse de peser sur le destin de millions d’hommes et de femmes qui comme les protagonistes du film errent à la recherche d’une improbable rédemption. » (Gérard Camy, Jeune Cinéma n° 263, juillet 2000)
Amours chiennes (Amores perros)
Mexique, 2000, 2h34, couleurs, format 1.85
Réalisation : Alejandro González Iñárritu
Scénario : Guillermo Arriaga Jordán
Photo : Rodrigo Prieto
Musique : Gustavo Santaolalla ; Control Machete, Los Gatos Negros, The Hollies, Los del Garrote…
Montage : Alejandro González Iñárritu, Luis Carballar, Fernando Pérez Unda
Décors : Brigitte Broch
Costumes : Gabriela Diaque
Production : Alejandro González Iñárritu, Altavista Films, Zeta Film
Interprètes : Emilio Echevarría (El Chivo), Gael García Bernal (Octavio), Goya Toledo (Valeria), Alvaro Guerrero (Daniel), Vanessa Bauche (Susana), Jorge Salinas (Luis), Marco Pérez (Ramiro), Rodrigo Murray (Gustavo), Humberto Busto (Jorge), Gerardo Campbell (Mauricio), Rosa María Bianchi (tante Luisa)
Présentation au Festival de Cannes : 14 mai 2000
Sortie au Mexique : 16 juin 2000
Sortie en France : 1er novembre 2000
A sa sortie le film était interdit au moins de 12 ans
Distribution : Pathé
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