Toni :

le néoréalisme des débuts

 


Posté le 14.10.2019 à 14h30


 

Explorateur de genres, Jean Renoir fut aussi le cinéaste du réalisme social.

Placé entre Boudu sauvé des eaux (1932) et Le Crime de Monsieur Lange (1936) dans la prolifique filmographie de Jean Renoir, Toni (1934) et ses postulats esthétiques posent les codes, pour beaucoup, du néoréalisme italien. La collaboration du jeune Luchino Visconti sur le tournage, auteur de la première œuvre néoréaliste consacrée avec 0ssessione en 1942, contribuera sans doute à cette idée. Tourné en décor naturel sur les hauteurs de Martigues dans une aride garrigue toute provençale, Toni est l’histoire d’un fait réel, crime passionnel commis dans la région des années plus tôt, conté à Renoir par un ami commissaire. Derrière ce fait divers, le film soulève les questions de l’appartenance et de l’identité. Il est aussi hommage aux difficultés de la condition ouvrière, montrant la capacité des hommes à s’intégrer dans leur environnement.

 

Actuzen Toni

 

André Bazin disait du film : « Toni est un de ses films clé, il n’est ni le meilleur ni le plus parfait, mais sa morale est fondamentale ». Une morale qui, aux yeux du critique, contient en germe celle de La règle du jeu (1939), à une époque où Renoir commence à épouser la cause de gauche, l’époque du Front populaire. Aidée de quelques acteurs professionnels, la distribution du film fait essentiellement appel à la population locale, en grande majorité des immigrés espagnols et piémontais : cette situation est le simple reflet de la réalité sociale de la France des années 1930 quand, suite à la crise, le pays comptait sur l’aide d’un million de travailleurs du sud de l’Europe. « Mon pays est celui qui me donne à manger » dit un des personnages du film. Une situation dramatiquement actuelle. 

Charlotte Pavard

Catégories : Lecture Zen