Martin Scorsese

« Nous, réalisateurs, devons aujourd’hui
nous battre pour faire nos films et les montrer. »

 


Posté le 16.10.2019 à 16h00


 

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Copyright Institut Lumière / Léa Rener

 

Il est arrivé sous l'ovation des 2 000 spectateurs de l'Auditorium, qui affichait complet pour son retour à Lyon, quatre ans après avoir reçu le Prix Lumière : Martin Scorsese a effectué son come-back mardi soir au festival Lumière, accompagné d'Emma Tillinger, sa productrice depuis Aviator.

Avant de l'accueillir sur scène, le président de l'Institut Lumière Bertrand Tavernier a évoqué toute son admiration pour le cinéaste new-yorkais, qu'il n'avait pu rencontrer en 2015. « C'est quelqu'un dont je me sens proche. J'ai envie de parler d'amitié et de partage. L'amour de Martin pour le cinéma n'a pas d’égal. »

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Copyright Institut Lumière / Jean-Luc Mège


Au terme de la projection d'un montage d’extraits de ses films, puis d'une nouvelle salve d'applaudissements, l'auteur de Taxi Driver est apparu sur scène : « Chaque film est une aventure et après The Irishman, je suis particulièrement secoué, un peu groggy », a-t-il confié. « Avec ce film, on a tenté de repousser les frontières. L'idée, quand je fais un film, c'est toujours d'apprendre sur moi-même et sur les autres ».

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Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole


Interrogé sur sa nouvelle collaboration avec Robert De Niro, Martin Scorsese a souligné qu'il pensait que tous deux avaient « fait le tour, qu’il n’y avait plus rien à apprendre ensemble. Surtout, je ne me voyais pas refaire un film avec lui sur la mafia. Mais quand il est venu me voir avec ce livre [J’ai tué Jimmy Hoffa, de Charles Brandt], il était tellement ému, il a à peine raconté l’histoire que déjà il incarnait le personnage et j’ai compris que je me devais de faire ce film, d’aller au bout, qu’il soit bon ou mauvais. Avec le scénariste Steven Zaillian, Bob et toute la bande, on avait très envie de parler du passage du temps, de ce que la vie est devenue. » « J'avais le style du film en tête et je savais qu'il fallait que je le réalise coûte que coûte, a poursuivi le réalisateur, notamment en raison de l'état actuel du cinéma. Aujourd’hui, les films américains sont des produits commerciaux de divertissement et les cinémas, des parcs d’attraction. Ce n’est pas ça le cinéma. En tous cas, ça ne peut pas être que ça. Nous, réalisateurs, devons aujourd’hui nous battre pour faire nos films et les montrer. Nous devons inventer nos propres lieux pour cela. »

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Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole

 

Propos recueillis par Benoit Pavan

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