Posté le 16.10.2019 à 11h00
Lors de sa Master class, Marco Bellocchio a parlé avec modestie de sa méthode de cinéma.
Une œuvre modérée
« Je suis un anarchiste non violent, un révolutionnaire modéré. Je me suis parfois trompé, mais j'ai toujours réalisé ce qui me passait par la tête, sans jamais faire attention à la cohérence de mon travail. Je suis contre l'autorité des pères mais je suis contre la violence. Je suis contre le terrorisme et ceux qui tuent au nom d'un symbole. »
Le pouvoir du cinéma
« A mes débuts, on était tous convaincus que le cinéma pouvait changer les choses. Mais je me rends compte que c'était un peu naïf de penser qu'il pouvait être une arme. Il y a eu toutefois une période, dans le cinéma italien, où tous les films se positionnaient en opposition au pouvoir en place, à la démocratie chrétienne. Puis, à partir du moment où la gauche est arrivée au pouvoir, chacun s'est tourné vers un chemin très personnel, moins politique. Aujourd'hui, il n'y a plus de front compact. »
Copyright Institut Lumière / Jean-Luc Mège
Le patriarcat
« J'ai toujours ressenti une grande rage à l’encontre de ceux qui imposent leur loi. La figure de l'autorité est nécessaire, mais pas celle de l'obéissance à tout prix. Je n'ai jamais été victime de violences, mais je refuse ces attitudes. »
Le réel
« Je ne suis pas historien et je ne fais pas du cinéma pour rester fidèle à la réalité. Je n'ai d'ailleurs jamais réalisé de films réalistes. Parfois, des images qui ne sont pas dans mes scénarios me viennent et je procède alors à de petites corrections. J'aime souligner des choses de façon provocante, en sortant des sentiers battus. »
Berlusconi
« Je ne juge jamais mes personnages, mais il y a des personnages indéfendables. Berlusconi est l'un d'entre eux. J'ai voulu faire un film sur lui il y a quelques années, mais cette envie est très vite passée. Sa fortune fait que je n'ai jamais eu pitié de lui. Et la haine que j'avais à son égard a cessé de m'habiter. Personne en Italie ne se scandalise plus pour Berlusconi. »
Copyright Institut Lumière / Jean-Luc Mège
Propos recueillis par Benoit Pavan