Posté le 12.10.2019 à 11h14
En deux films exceptionnels marqués par Venise : Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg (1973) et Le Casanova de Fellini (1976), Donald Sutherland impose deux figures masculines immenses, sans rien forcer.
Ne vous retournez pas et Casanova ne cessent de se parler et de correspondre. Films sensoriels de menace, leurs deux héros affrontent d’abord une météo de mauvais augure : une pluie froide comme la mort, ou un vent déroutant. Devant l'adversité intime pour John, architecte qui vient de perdre un enfant ; ou collective pour Casanova rejeté par la bonne société, ce sont des personnages éduqués, dotés d’une grande intériorité, capables de théoriser avec calme et intelligence sur les différences émouvantes entre les femmes et les hommes.
Habillés ou nus, ils sont inventifs et élégants. Rétifs à la superstition, ils ne veulent jamais dominer. Et lorsque les circonstances extraordinaires l’imposent, ils acceptent de fuir. Et il faut au moins la vieille Italie mythique, Venise en matrice de marais et d’eaux troubles où « tout est pourri » comme le dit John chargé de sauver la ville qui s’enfonce, pour accueillir de telles personnalités. Donald Sutherland grâce à son corps immense et à son visage spectaculaire, a la stature qu’il faut pour résister à tout ce que cache ces deux films où la brume et le fantastique sont partout. Traqués au creux de décors prodigieux, il n’est pas question pour ces hommes de destin, de renoncer.