George A. Romero

en trois morsures

 


Posté le 12.10.2019 à 11h52


 

En trois films appartenant à la saga des zombies, le cinéaste américain, et très doux, George A. Romero, réalise un voyage politique mordant.

La morsure égalitaire

Le zombie n'est pas raciste. Il mord tout le monde à égalité. Une façon pour George A. Romero de rappeler qu'il n'existe qu'une seule race : la race humaine. Cinéaste blanc au coeur d'une Amérique qui lutte toujours contre le racisme, Romero confie le rôle principal de La Nuit des morts-vivants (1968) à un acteur afro-américain, Duane Jones. Son personnage de routier, leader improvisé, par sa sagesse et son sang froid, permet aux autres protagonistes de paniquer le moins possible et instaure entre eux tous une notion très importante : la solidarité.


NUIT-DES-MORTS-VIVANTS-1968-visuel



La morsure discount

Le zombie n'est pas contestataire. En oubliant les émois physiques au profit du matérialisme effréné, et la volonté de posséder sans plus savoir vraiment pourquoi, l'homme ne serait-il finalement un zombie de supermarché ? Les zombies de Zombie (1978) errent comme des pantins déconnectés avec le réel se cognant contre les objets d'une société de consommation qui agit comme un virus. Romero, cinéaste à la marge, lutte contre cette pensée cannibale en anarchiste qui montrerait la nécessité, à travers ses films, de détruire plutôt les malls que les êtres humains.

 

ZOMBIE-1978-visuel



La morsure lente

Le zombie n'est pas stressé. Ni speed. Romero respecte la tradition qui veut le zombie se déplace avec une lenteur obsessionnelle. Les humains de Le jour des morts-vivants (1985) ont le temps de les voir venir. Ils ont le temps de sentir la peur monter, mais ils ont aussi le temps pour réfléchir à ne pas devenir des êtres mordus, insatiables et stupides. Romero construit son film comme une morsure lente, celle du discours troublant de découvrir qu'être une nation américaine uniquement composée de petites communautés qui se haïssent, est pire que se faire dévorer par un mort-vivant.

 

JOUR-DES-MORTS-VIVANTS-1985-visuel

 

Virginie Apiou

Catégories : Lecture Zen