Posté le 15.10.2019 à 11h00
Comme tout grand cinéaste, Francis Ford Coppola a travaillé des thèmes cinématographiques jusqu’à l’obsession inspirée…
Coppola… muet !
Coppola aime le cinéma muet, mieux il le connaît, il le réincarne dès qu’il le peut. Ainsi, des œuvres comme Dracula (1992), Tetro (2009), Rusty James (1983), sont traversées par la fascination pour l’esthétique du muet. En particulier, l’expressionisme allemand qui jouait à alterner terreur absolue à grands coups d’ombres portées sur des héros flippants (tel le Comte Dracula pourfendant ses ennemis) et sublime mélancolie poétique des visages masculins observant le monde. Comme le regard de Rusty James sur son grand frère, ou celui de Tetro sur son petit frère. La gestuelle corporelle de ses hommes est si puissante que ces films pourraient presque se passer de son.
Rusty James (1983)
Coppola… geek technique !
Coppola est un fou de nouvelles technologies. Il fut le premier à parler de la vidéo, du numérique et de ses promesses dans des interviews énergiques. Ça tombe bien car les plans sur les appareils technologiques, c’est graphique et cinématographique ! Conversation secrète (1974) Coup de coeur (1982) ou Tucker : L'Homme et son rêve (1988) sont des films marqués par la relation à la machine, à son invention, et à ce qu’elle permet. Conversation secrète a pour héros un homme-robot qui espionne par le son tous ceux qui sont autour de lui. Coup de coeur fut tourné avec un Coppola enfermé dans un car régie, contrôlant son film comme on tente une expérience inédite. Tucker : L'Homme et son rêve est la conclusion de tout cela, avec son héros qui créé un engin, une voiture merveilleuse. Derrière la technologie, c’est l’idée du progrès qu’on ne doit pas stopper pour de sordides raisons financières qui se profile. Comme une métaphore du destin de cinéaste de Coppola.
Tucker : L'Homme et son rêve (1988)
Coppola… en musique !
Coppola vient d’une famille de musiciens, dont son père est le compositeur Carmine. Et chez Coppola, la famille c’est sacré. Si on connaît par cœur les B.O. du Parrain (1972) et d’Apocalypse Now, il faut redécouvrir le solo perturbant au piano de Conversation secrète, composé par David Shire (le beau-frère de Coppola). Coppola va encore plus loin en musique avec notamment trois films qui flirtent avec la comédie musicale : Coup de cœur (1982), Peggy Sue s’est mariée (1986), et Cotton Club (1984), soit des partitions de Tom Waits et John Barry ! Pour Coppola, la musique est éternelle, elle traverse le temps, une autre grande obsession du réalisateur qui fait voyager Peggy Sue d’une époque à une autre, ou le musicien de jazz de Cotton Club d’un univers de pègre à celui de l’art, ou enfin les héros de Coup de cœur de la réalité au fantasme.
Coup de cœur (1982)
Virginie Apiou