Posté le 25.09.2019 à 16H00
L’héroïne fétiche des frères Coen, deux Oscars et un sacré caractère, est invitée d’honneur du festival Lumière 2019.
© Alison Rosa
Apparition inoubliable, au terme du premier tiers de Fargo (1996) : Marge Gunderson dort paisiblement dans son lit aux côtés de Norm, son mari peintre du dimanche, quand le téléphone sonne, exigeant sa présence sur les lieux d'un triple homicide, au bord d'une route enneigée. Personne n'aurait misé un kopeck sur les qualités de déduction de la fliquette enceinte de Brainerd, Minnesota - à peu près le bout du bout du monde. Mais c'est Frances McDormand, filmée par son mari, Joel Coen, et qui dit les dialogues de son beau-frère, Ethan Coen. Et ce rôle de femme placide et lucide, regard bleu vif et fossette au menton, la conduit à son premier Oscar.
Elle a rencontré les Coen douze ans plus tôt, décroché son premier rôle au cinéma dans Sang pour Sang (1984), épousé Joel, enchaîné une flopée de seconds rôles, plaisant aux (grands) cinéastes anglais : Ken Loach (pour Hidden Agenda), John Boorman (pour Rangoon), Alan Parker (pour Mississippi Burning, qui lui vaut une nomination à l'Oscar du meilleur second rôle). Pas assez starlette pour le cinéma américain ? Tout change après Fargo, et la carrière de cette fille d'un pasteur canadien itinérant, sortie diplômée de l'Université de Yale, voit s'ouvrir le champ des possibles.
Là voilà chez Cameron Crowe (Presque célèbre), chez Wes Anderson (Moonrise Kingdom), puis dans la mini-série de Lisa Cholodenko, Olive Kitteridge, adaptée du roman d'Elizabeth Strout. Frances McDormand a l'art de sublimer les héroïnes ordinaires, de les rendre extraordinaires par la complexité qu'elle leur offre, son sens du détail et du sous-entendu. Elle est géniale, et justement récompensée d'un deuxième Oscar, dans 3 billboards : les panneaux de la vengeance, de Martin McDonagh.
Elle vient d'avoir 60 ans, ne cache pas son âge : "Le jeunisme ambiant nous condamne à ne pas dépasser 45 ans, dit-elle. Mais une femme âgée a accumulé de la sagesse, et sait répondre aux situations d'urgence. Si le public ne peut plus s'identifier à une femme de cet âge-là, si tout le monde finit par se ressembler, voilà pourquoi notre culture est si immature." On parie que Marge Gunderson n'aurait pas dit mieux. Frances McDormand est l'une des invitées d'honneur de Lumière 2019, où elle viendra présenter des films de sa carrière ainsi que des grands classiques du cinéma américain, et rencontrera le public du festival à la Comédie Odéon.
Mississippi Burning d'Alan Parker (1988, 2h08)
Dimanche 13 octobre à 10h30 au Pathé Bellecour
3 Billboards : Les Panneaux de la vengeance de Martin McDonagh (Three Billboards outside Ebbing, Missouri 2017, 1h55)
Dimanche 13 octobre à 18h à l'UGC Ciné Cité Confluence
Fargo d'Ethan et Joel Coen (1996, 1h38)
Dimanche 13 octobre à 19h15 à l'Institut Lumière
Presque célèbre de Cameron Crowe (Almost Famous, 2000, 2h02)
Lundi 14 octobre à 11h au Lumière Terreaux
Olive Kitteridge (Episodes 1 et 2) de Lisa Cholodenko (2014, 1h56)
Lundi 14 octobre à 17h30 au Pathé Bellecour
Mississippi Burning d'Alan Parker (1988, 2h08)
Mercredi 16 octobre à 11h au Comoedia
Et aussi deux grands classiques du cinéma américain :
La Nuit du chasseur de Charles Laughton (The Night of the Hunter, 1955, 1h33)
Dimanche 13 octobre à 17h au Pathé Bellecour
La Chevauchée fantastique de John Ford (Stagecoach, 1939, 1h36)
Lundi 14 octobre à 18h30 au Comoedia
Tout le programme de la rétrospective Frances McDormand ici
À noter : La série Olive Kitteridge de Lisa Cholodenko, produite par HBO en 2014 est disponible en intégralité sur la plateforme OCS, partenaire officiel du festival Lumière