Posté le 12.10.2019 à 11h40
Derrière ce titre se cachent 10 films Pre code. Des oeuvres libres peuplées de gens jeunes sans complexe, ni timidité !
Les films Pre code doivent leur labélisation pour avoir été tournés avant l'application du Code Hays. Jugeant le cinéma américain dévoyé, le code Hays instauré en 1934, interdisait de traiter les sujets violents, sexuels, politiques ou sociaux de façon immorale. Les films Pre code échappent à cette censure. Ce sont des oeuvres au ton vif, batailleur et festif. Pas de tragédie, du drame un peu, et un esprit combattif tout le temps. Et s'il y a de la lassitude chez certains héros, il n'y a jamais de découragement. C'est un luxe que les héroïnes en particulier de ces oeuvres ne pensent pas s'offrir. Car le cinéma Pre code est un grand cinéma au féminin.
Les reines des films Pre code sont souvent ravissantes et pauvres. Dans le cruel et sublime Baby face (Alfred E. Green, 1933) un vieil homme dans un discours très subversif, intime à l'héroïne (la vibrante Barbara Stanwyck), l'ordre de se servir de sa beauté pour dominer les hommes ! Jean Harlow dans La femme aux cheveux rouges (Jack Conway, 1932) est tout aussi directe avec elle-même en fille outrageusement sexuelle qui refuse qu'on la méprise. Dès le premier plan du film sur sa jarretière tenue par une broche arborant le petit portrait d'un homme qu'elle désire, elle affiche sa détermination.
Ces femmes fatales savent aussi être de bonnes filles pas farouches et inoubliables. La belle de Saïgon (encore Harlow !, Victor Fleming, 1932) en blonde trafiquée, charme en faisant rigoler l'aventurier joué par Clarck Gable. L'ange blanc (William A Wellman,1931), (à nouveau Stanwyck) est une infirmière qui se dresse sans jouer l'outragée contre un Gable autoritaire, qui frappe les femmes. Surprenantes, ces filles ont de la ressource. Ce sont des Âmes libres, comme dans le film du même nom de Clarence Brown (1931). Véritable curiosité, l'héroïne (Norma Shearer à la beauté intelligente), librement éduquée par un père alcoolique (génial Lionel Barrymore) flirte avec un homme dangereux (Gable tout en carrure de dos imposante et tyranique). En robe de soie moulante sans soutien gorge, elle se donne en pleine conscience sans défiance, ni préjugés. Et quand les ennuis arrivent, avec un Gable qui proclame que l'héroïne lui ”appartient”, elle assume la suite violente des choses sans peur du scandale.
Les films Pre code sont des films d'aventure ultra dialogué. Les nombreux personnages négocient tout pour obtenir davantage dans un monde d'escrocs (Blonde crazy, 1931, The mind reader, Roy Del Ruth, 1933, Jewel robbery, William Dieterle, 1932). Dans le formidable Employees Entrance (Roy Del Ruth, 1933 ) l'héroïne couche avec un homme au charme puissant (ambigu Warren William à la fine moustache abrasive, surnommé le roi du Pre code) en l'échange d'un travail. Comme Baby Face, Employees Entrance travaille des héros qui, par leurs côtés terribles, révèlent les autres à eux-mêmes, toujours vers une envie de vivre. Rien que cette notion rend ce cycle indispensable !
Virginie Apiou