Posté le 12.10.2019 à 10h58
En deux films éclatants, le français d’origine allemande Max Ophuls et l’italien Marco Ferreri, offrent au spectateur une vision inattendue du plaisir.
Féminin ou masculin, le plaisir quand il mène au bonheur, n’est pas gai ! Le proclamer dans des films comme Le Plaisir (1952), et, Le Lit conjugal (1963), est pourtant merveilleusement ironique, voire sarcastique. Adaptant trois nouvelles de Guy de Maupassant regroupées sous le titre : Le Plaisir, Ophuls poursuit dans une ronde infernale les filles toutes à leur joie d’être aux hommes, et les hommes qui ne résistent pas à leur plaisir.
Capharnaüm de mélancolie tantôt masculine, avec ses mondains vieillissants ou paysan naïf, qui ne veulent pas voir fuir l’objet de leur plaisir ; et tantôt féminine avec ses petites femmes cigarettes aux lèvres qui chantonnent les yeux mi-clos en regardant au loin, Le Plaisir selon Ophuls rejoint Le Lit conjugal de Ferreri vers une même destinée : nulle part ! Et c’est pour ça que c’est génial,… surtout quand ce plaisir s’avère ridiculement contraignant. Sûr de lui, le héros quarantenaire de Le Lit conjugal (Ugo Tognazzi adorable de grotesque), consent à épouser sa jeune cousine vierge (Marina Vlady somptueuse de beauté opaque). Quand la libido extraordinaire de son épouse met sa santé en danger, le nouveau marié ne sait plus comment échapper au plaisir ! Admirables, émouvants, et satiriques, Le Plaisir et Le Lit conjugal réinventent sans accabler, la notion vertigineuse du plaisir.
Virginie Apiou