Posté le 19.10.2019 à 10h00
Delon et René Clément, on connaît. Delon et l’Italie, on connaît aussi. Alain Delon, René Clément et L’Italie, c’est inédit et c’est une comédie (!), intitulée Quelle joie de vivre.
Quelle joie de vivre (1961) de René Clément
Quelle joie de vivre (1961) est un film hybride. Alain Delon y est un apprenti imprimeur politisé, oui, mais par nécessité. Inscrit chez les fascistes pour trouver du boulot dans l’Italie des années 30, il escalade la façade d’une église afin d’y planter un drapeau où est inscrit : « anarchie et liberté ». René Clément, cinéaste français des exaspérations masculines, mélancoliques jusqu’au danger, filme ici en territoire italien et dirige Delon, son acteur fétiche de façon inhabituelle, avec un sourire permanent. Les excellents réflexes physiques de l’acteur au visage beau à faire peur, sont alors pleinement au service de la gaieté, de la légèreté, loin des gestes déterminés et malaisants du héros de Plein soleil (Clément, 1960). Quelle joie de vivre est sans doute le seul film dans lequel Delon est adorable. Jeune homme décidé à se faire adopter par tous, il se comporte de façon imprévisible et toujours surprenante pour se rendre inconsciemment inoubliable, mais aussi aimablement complexe. Il déjoue tous les plans qu’on fait pour lui, et ne s’explique pas. Quelle joie de vivre est ainsi une préfiguration d’un Delon brouilleur de pistes, capable de produire et interpréter le film le plus antimilitariste et contre la guerre d’Algérie jamais égalé jusqu’à présent, L’Insoumis d’Alain Cavalier (1964). Une version tragique de Quelle joie de vivre.
Virginie Apiou