Posté le 15.10.2019 à 14h45
Créateur pour Arte, du web magazine, Blow up, en 2010, Luc Lagier reçoit le prix Bernard Chardère qui récompense un critique, journaliste ou auteur.
Que représente pour vous le fait de recevoir le prix Bernard Chardère ?
J’ai conçu Blow Up comme un projet expérimental, quelque chose qui au départ avait peu de chance d’être largement regardé. Quand, au bout d’un an ou deux, cela a obtenu un certain succès, j’ai compris que l’expérimental pouvait plaire. Mais, je me disais qu’au cœur de la cinéphilie, mon magazine restait peu connu, alors lorsque j’ai reçu l’invitation de Thierry Frémaux, je l’ai accueillie comme une apothéose. Ce prix me va droit au cœur, car je vais le recevoir à Lyon, point central de la cinéphilie, là où le cinéma est né.
Quelle définition donnez-vous à votre métier ?
Mon métier consiste à ranger ma mémoire, à archiver et à monter de manière charismatique les images de cinéma. Je ne suis pas un critique, je suis un archiviste-historien-monteur de séquences de films issues de cinématographies différentes. L’internaute cinéphile qui décide d’appuyer sur play pour regarder mes montages sera en connection avec une mémoire de cinéphile, la mienne, libre à lui, bien sûr, de contester mes choix et mes associations entre les films.
Comment voyez-vous votre profession dans vingt ans ?
J’ai envie de continuer Blow up (et je remercie infiniment Arte qui me le permet !), jusqu’à l’épuisement personnel, qui est possible, et l’épuisement des sujets, qui est impossible ! J’ai trouvé la forme qui me convient, courte, rapide ou pas, qui me laisse jouer avec les codes internet du zapping. Chaque sujet peut amener un suivant ou être revisité avec les films qui ne cessent d’arriver, c’est sans fin. Je pourrais continuer jusqu’à la fin de mes jours ! Moi, il faudra qu’on me mette à la porte !
Propos recueillis par Virginie Apiou