Daniel Auteuil,

Premier de la class(e)
 


Posté le 14.10.2019 à 19h


Retrouver Daniel Auteuil sur grand écran, comme au théâtre est toujours un bonheur. Invité d’honneur du festival Lumière, l’acteur s’est livré sans fard, mais pas sans son humour au public de la Comédie Odéon lors de sa toute première Master class. Un échange sincère, drôle, élégant, à son image.

 

« C’est l’un des plus grands comédiens français ! Je suis une inconditionnelle de Pagnol, j’ai été stupéfaite de la qualité des adaptations qu’il a signé en tant que réalisateur ». Première dans la file d’attente, Katy Paulin, n’aurait raté pour rien au monde la Master class de l’immense Daniel Auteuil tenue ce lundi à la Comédie Odéon. Avec la générosité qui le caractérise, l’acteur-réalisateur a régalé le public de son humour ravageur. L’occasion de dérouler le fil de sa carrière, de ses premiers pas au théâtre à son rôle dans La Belle Epoque de Nicolas Bedos.

06-Masterclass-Auteuil-Odeon-lundi-ChassignoleCopyright Institut Lumière / Olivier Chassignole


« J’ai traversé les films toujours avec le même bonheur »

Né à Alger de l’union de deux chanteurs lyriques d’opéras et d’opérettes, Daniel Auteuil attrape très tôt le virus de la comédie : « à quatre ans, je jouais le fils de « Madame Butterfly ». Lorsque je regardais les acteurs interpréter le rôle du « Trial », du comique, je me disais, c’est ce que je veux faire !  Et puis je voyais mes parents faire un métier où ils riaient tout le temps ! » Douze ans plus tard, il joue son premier grand rôle au théâtre dans « Une demande de mariage » de Tchekhov. S’il avoue être « très pudique », Daniel Auteuil n’a jamais douté de sa vocation : « faire de l’opérette m’a donné une assurance sur scène. J’ai toujours considéré qu’il ne pouvait rien m’arriver sur scène. Je n’ai pas fait de choix de carrière, j’ai fait des choix de plaisir : j’ai traversé les films toujours avec la même énergie, le même bonheur ».

L’inoubliable Ugolin

En 1980, son rôle de « Bébel » dans « Les Sous-doués », de Claude Zidi le fait connaître du grand public. « C’est grâce à ce film qui a traversé des décennies et à la mémoire des spectateurs que je suis encore là », confie l’acteur. Six ans plus tard, il devient « Ugolin » dans Jean de Florette de Claude Berri, rôle initialement attribué à Coluche. Un tournage de dix mois, mémorable à bien des titres pour Daniel Auteuil : « cela a été une période magnifique : j’ai rencontré la mère de ma fille Nelly (Emmanuelle Béart), j’ai joué avec le grand Yves Montand et je me suis fait des amitiés à vie ! » Auteuil crève l’écran, son interprétation d’Ugolin lui vaut le César du meilleur acteur et fait chavirer les cœurs de tous les spectateurs.



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Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole

« Avec Claude Sautet, nous avons créé un personnage »

André Téchiné, Edouard Molinaro, Agnès Varda, Patrice Chéreau, Alain Corneau et Claude Sautet : Auteuil le pudique, affiche une filmo à faire pâlir bien des acteurs. « Quelques jours avec moi » signe sa première collaboration avec Claude Sautet : « nous avons créé un personnage qui n’a pas accès aux sentiments, nous avons inventé quelque chose avec Claude. Il m’a appris la rigueur, la sincérité, il m’a donné une colonne vertébrale ». Comme un trait d’union entre les générations de cinéastes, l’acteur-réalisateur n’a pas tari d’éloges sur Nicolas Bedos qui l’a choisi pour interpréter Victor dans « La Belle Epoque » : « il a un réel talent d’auteur et il s’est révélé comme un grand metteur en scène. Sur ce film, on a assisté tous ensemble à la naissance d’un grand cinéaste ». Pour l’acteur, inutile de voyager dans le temps, il n’y a rien de « mieux que maintenant ». Le public de la Comédie Odéon est d’accord : la Belle époque, c’est à chaque instant avec Daniel Auteuil.

 

Laura Lépine

 

 

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