Posté le 19.10.2019 à 9h
Le festival Lumière a déroulé le tapis rouge pour Francis Ford Coppola, Prix Lumière 2019 ! Le maître a reçu, vendredi soir, sa prestigieuse distinction, à l'issue d'une cérémonie riche et émouvante.
« Je n'étais pas préparé à cela, mais j'ai bien fait de ne pas me préparer car il n'y avait aucun moyen d'anticiper les choses que vous avez dites. J'ai été très touché par les mots de Bertrand Tavernier. Et aussi de Bong Joon-ho, car c'est précisément ce pour quoi je fais ce travail : quand vous faites un film, vous le lâchez dans la nature et s'il peut déclencher cette étincelle chez un autre, vous ne pouvez rien espérer de plus. Je deviens immortel grâce à vous. Et vous deviendrez immortel avec un autre. Cette vision, je l'ai moimême volée à Balzac. On lui disait : “il y a des jeunes qui plagient vos écrits”. Et il répondait : “Mais, c'est bien pour ça qu'ils existent !” Je pense comme lui », a souligné le réalisateur américain en recevant le prix honorant sa carrière devant les 3000 spectateurs de l’amphithéâtre de Lyon.
« Je me suis revu, enfant, observer une parade, et je voyais passer cette fanfare et ne rêvais que d'une chose c'était d'en faire partie. Pas forcément de la mener mais en faire partie. Ce soir, vous m'avez permis de ressentir cela, j'ai eu l'impression d'appartenir à un groupe. J'ai ressenti à Lyon trois choses qui manquent cruellement dans notre monde : la convivialité, l’enthousiasme et la célébration. Merci de m'avoir fait sentir ces trois sentiments ! », a ajouté l'auteur d’Apocalypse Now, l'un de ses films culte qui sera projeté dimanche lors de la clôture de cette édition anniversaire.
Bong Joon-ho et Nathalie Baye remettent le Prix Lumière
à Francis Ford Coppola sur le regard de Bertrand Tavernier.
Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole
A l'arrivée des invités d'honneur du festival (Bong Joon-Ho, en forme devant la photo du maître, s'amusant à lui lustrer la barbe ; Nathalie Baye, Alain Chabat, Jean-Loup Dabadie, Gael García Bernal, Robin Campillo, Marina Foïs, Vincent Lindon...) succède une belle introduction avec l’interprétation au piano par la chanteuse française Jeanne Cherhal de l'entêtante partition de Nino Rota dans Le Parrain : Parle plus bas.
Les louanges se succèdent : le ténor américain John Osborn chante le Lamento de Federicoissu de l'opéra L'Arlesiana, accompagné du pianiste Florian Caroubi. Sofia Coppola félicite son père depuis New York accompagnée de ses enfants, James Gray lui lance depuis Paris : « Vous êtes la plus grande influence créatrice de ma vie, vous êtes de ceux qui ne déçoivent pas. Mon amour pour votre œuvre n'a pas de limites ». Nathalie Baye rappelle son expérience à ses côtés dans le jury du festival de Cannes : « Je suis une immense admiratrice et une grande fan. Le cinéma de Francis Ford Coppola parle à tout le monde, il est indémodable. »
Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole
Invité sur scène, Bong Joon-ho n'a pas caché l'importance de Coppola dans sa carrière. « Apocalypse Now est resté censuré pendant 9 ans en Corée, sous la dictature. Je n'ai donc pas pu le voir avant 1988. Ce fut un choc incroyable qu'il est difficile de décrire ici. Je suis entré à l'Université suite à ce choc. Dans le documentaire Au coeur des Ténèbres, on voit Francis Coppola déclarer : “Demain, s'il le veut, un gamin de 9 ans peut devenir réalisateur !” Ça m'a donné du courage et j'ai fait un court métrage. Comme je ne savais pas faire de films, j'ai pris une scène que j'aimais bien dans Le Parrain, j'ai commencé à la dessiner. J'ai analysé plan par plan cette scène de meurtre de Lucas et j'ai commencé à dessiner le storyboard. Aujourd'hui j’ai Francis Ford Coppola en face de moi et je suis tout tremblant ! »
Roman Coppola souffle timidement : « Bravo Papa, nous sommes si fiers de toi. Tu nous inspires, dans notre vie et dans notre travail, on t'aime tellement. » « Ditto » (pareil) lance alors Eleanor, l’épouse de Francis.
« Je crois qu'on a eu une bonne idée de créer ce festival », lance Bertrand Tavernier. « Francis, je vous ai croisé en 1963 à Los Angeles lors d'une soirée organisée par Roger Corman, vous veniez de réaliser Dementia 13 et il ne tarissait pas d'éloges sur vous ! » Et le président de l’Institut Lumière, visiblement très ému, de dire la difficulté à partager son admiration devant le cinéaste, en public. « Je vous ai côtoyé à travers vos films, a til repris. Devant mon écran j'épousais vos passions et partageais vos doutes. J'étais impressionné, je le suis encore plus ce soir, j'avais peur d'admirer mal. Je vous ai aimé dès le road movie Les Gens de la pluie. Apocalypse Now est de ces films qui vous collent à la peau. » Il a ensuite longuement disséqué l’œuvre du Prix Lumière 2019, avec la connaissance pointue du cinéma qui est la sienne, mais aussi des références littéraires (William Faulkner, Robert Penn Warren). Ce discours d’une grande érudition et d'une sincérité équivalente a été l’un des moments forts de la cérémonie. Et, comme souvent à Lumière, tout s’est fini en chanson : Aux Champs-Elysées, de Joe Dassin – dont Coppola a connu le père cinéaste – chanté par Alain Chamfort et la salle conquise.
Charlotte Pavard et Benoit Pavan
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La cérémonie de remise du Prix Lumière
à Francis Ford Coppola en images
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Centre de Congrès - Copyright Institut Lumière / Olivier Chassignole
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