Marina Vlady :

« j’ai compris tout de suite que la caméra m’aimait »

 


Posté le 11.30.2019 à 11h30


 

Avec le franc-parler et l’humour ravageur qu’on lui connaît, l’actrice, chanteuse, écrivain Marina Vlady, invitée d’honneur du festival, a conquis le public de la Comédie Odéon lors d’un rencontre organisée ce samedi matin à la Comédie Odéon. Extraits choisis.

 

Actuzen Master Class VladyCopyright Institut Lumière - Sebastien Sungauer

 

Une famille d’artistes

« Mon père était chanteur d’opéra, ma mère danseuse étoile. Mes sœurs (Olga, Odile, Hélène) et moi avons toutes fait de la danse et du chant. A deux ans et demi, j’imitais mes sœurs et nous faisons des spectacles : on me mettait sur une table pour que j’assure le dernier numéro. Finalement, j’ai connu le succès très tôt ! Nos parents ne nous ont pas poussé, nous avons été élevées dans ce milieu.  A Clichy, on était un peu part : on chantait, on dansait, on parlait russe, bref, on était des originaux !

 

Les premiers rôles

A huit ans, je faisais du doublage en radio : j’avais une toute petite voix, une voix de souris ! Ma sœur Odile était danseuse à l’opéra et elle avait joué à 16 ans dans Les Dernières vacances de Roger Leenhardt. J’ai débuté grâce à elle au cinéma, c’est une affaire de famille. A dix ans, j’ai joué mon premier rôle au cinéma. J’avais même fait des essais à 13 ans avec Orson Welles, il m’avait choisi mais le film ne s’est malheureusement pas fait. Mais j’ai compris tout de suite que la caméra m’aimait. J’avais une photogénie, un regard et j’imagine une forme de connivence avec la caméra. Et puis je n’avais pas peur, j’ai eu peur bien plus tard !

 

Une filmographie exceptionnelle

Sur les quatre-vingts films dans lesquels j’ai tourné, il y a quand même une vingtaine de chef d’œuvres, comme la Princesse de Clèves, c’est un film intemporel, un vrai rêve et certainement l’un de mes plus beaux rôles. Je peux citer aussi « Mona, l’étoile sans nom » d’Henri Colpi avec Claude Rich qui fait une création magnifique, et La Fille dans la vitrine de Luciano Emmer, tous ces films ont eu des vies, des carrières. J’ai toujours choisi les films par goût de la littérature, le plus important, c’est le sujet du film.

 

La Grande bouffe

Marco Ferreri, avec lequel j’ai tourné Le lit conjugal, était un être intelligent, avec lequel j’ai eu une grande amitié, on partageait une intimité magnifique. Et puis, il faut dire qu’on était deux gros mangeurs : il m’emmenait au resto, on mangeait des tripes ! Le tournage de ce film était un vrai bonheur, il y avait une réelle harmonie entre tous les acteurs. Cela me fait penser aussi à ma collaboration avec Bertrand Tavernier sur le film « Que la fête commence » : le rôle de Marie-Madeleine de Parabère n’était pas pour moi au départ, je l’ai accepté et j’adorais tous ces grands acteurs : Marielle, Noiret, Rochefort. Le tournage, c’était un peu La Grande Bouffe, on avait la meilleure cantine que je n’ai jamais eu, mais ça c’est Bertrand ! Le tournage était un bonheur et cela se voit, c’est un film qui a une énergie incroyable !

 

Une femme engagée          

Je me suis engagée dès l’âge de 13 ans, on l’était depuis toujours dans ma famille, on faisait beaucoup de manifs. Avec ma sœur Olga, nous nous sommes engagées en tant que féministe, mais aussi pour l’indépendance de l’Algérie. J’ai beaucoup milité dans ma vie, je milite d’ailleurs toujours à l’association d’aide au logement (DAL) que nous avions co-fondé avec Eyraud. Et quand on voit ce qu’il se passe, notamment à Paris, Porte de la Chapelle, où des gens dorment dans la rue avec leurs enfants, c’est désastreux ! C’est un combat qui n’est pas achevé !

 

Laura Lépine

Catégories : Lecture Zen